Journaux de séjour #203-204 : Virée à la Isla de Plata
Jour n°203 :
Nous nous préparons au départ. Nous n’avons pas vraiment d’heure pour le bus. Autant se pointer au terminal comme des fleurs. Nous disons au revoir à l’hôtel et prenons le premier taxi qui vient. Arrivés au terminal nous ne savons pas trop où aller. Ça ressemble plus à un centre commercial qu’à autre chose. Les voies pour les arrivées sont différentes des départs. Nous avançons vers le fond du bâtiment. Une agente nous indique les étages pour Puerto López. Nous montons une première fois par l’ascenseur indiqué et redemandons à une agente. Encore un étage, au fond à droite. Nous continuons pour finalement arriver devant un guichet.
Non ils ne vont pas directement à Puerto López. Il faut aller jusqu’à Olon et de là changer. Nous hésitons sur la marche à suivre. Il y a sans doute une autre agence plus directe. La cliente qui nous suivait s’est rendue compte de notre aparté. Après son achat, elle nous demande dans un anglais excellent quels sont nos plans. Auxquels elle répondra que les directs sont souvent moins confortables et moins sûrs que cette compagnie-ci. Autant aller jusqu’à Olon et de là prendre un autre bus, ça n’est pas loin de Puerto López. Nous lui faisons confiance et suivons son conseil. Nous attendrons le bus avec elle et tapons la discute en grignotant des paninis pris sur le pouce. Le bus arrive et nous partons à 11h.
Le trajet est tranquille et 2h après nous arrivons à Olon. Apparemment le village juste avant, Montañita, est connu pour ses plages de surf… Bref, à l’arrivée nous demandons le bus suivant. Il faut lui faire signe quand il passe devant la gare routière. Ce système D nous avait manqué. Nous attendons donc mais le temps très nuageux ne nous rassure pas. Au final, nous faisons signe à un taxi qui nous amène pour 18$ après négociation. Nous arrivons enfin à l’hôtel une vingtaine de minutes plus tard.
Heidi nous accueille et nous conseille sur les visites du coin. Nous réservons déjà le tour sur la Isla de Plata, la raison de notre venue. Après un petit tour en ville nous rentrons en espérant que le temps sera au beau fixe le lendemain. En attendant, nous avons trouvé une petite cabane sur la plage qui propose de bons petits plats. On va sans doute en faire notre QG.
Jour n°204 :
Nous avons longtemps attendu ce jour. La Isla de Plata est un léger rappel des Galápagos. Des visites d’une journée permettent d’en faire le tour en appréciant la faune locale, essentiellement aérienne et maritime. Il n’y a donc pas de tortues centenaires ni d’iguanes mais ça reste une belle île à la nature préservée.
Nous nous préparons donc et patientons. Le temps ne s’est pas amélioré depuis hier, il pleuviote même. Notre guide passe nous prendre à 9h30. Quand il arrive, point de bus pour nous emmener. Nous traversons le pont et arrivons au quai juste en face. Nous grimpons sur le bateau avec tout le groupe et les explications commencent.
L’île se trouve à 42 km de là, au large. Nous y serons en 1h. Elle fait partie d’un espace protégé. Parmi les consignes de sécurité, outre le port des gilets de sauvetage, nous devons enlever nos chaussures. Elles sont mises dans un grand sac étanche. Enfin, si le mal de mer venait à toucher quelqu’un, merci de vomir par-dessus bord pour nourrir les poissons. Très rassurant tout ça. Et effectivement nous partons à pleine vitesse vers le large.
Pas de mal de mer, mais l’aller a été inconfortable pour moi. La mer n’était pas non plus déchaînée (autrement ç’aurait été annulé je pense) mais nous avons fait face à une jolie houle et avons sauté au-dessus de quelques vagues. Je n’aime pas manquer de stabilité, j’ai été servie. Très contente d’arriver donc. Pour nous réconforter, on nous sert un cake à la banane et des bananes. Nous sommes accueillis par des pêcheurs qui nourrissent des tortues de mer. Nous mettons pied à terre (enfin à l’eau d’abord). Il y a des petits bassins pour laver nos pieds. Nos chaussures nous sont rendues, la marche peut commencer.
Notre premier arrêt se fait au niveau d’un arbre dont les baies servent de colle naturelle. Il s’agit surtout d’un prétexte pour nous expliquer la flore locale. Le climat de l’île est plutôt aride. À la saison des pluies, seuls 30cL d’eau arrosent la Isla de Plata par an. On compte un peu plus désormais avec le réchauffement climatique.
Nous reprenons la route et grimpons quelques marches. Au check-point, nous devons séparer notre groupe en deux. Chaque guide ne peut emmener que 10 personnes avec lui. Nous sommes à peine plus nombreux mais ça nécessite une séparation. Nous irons avec le guide anglophone. Deux chemins s’offrent à nous. Nous choisirons le sentier panoramique au sommet de l’île. Même si la bruine est présente, ça commence à se lever.
Le tour commence et nous allons voir pleins de fous de Bassan à pieds bleus. Ce bel oiseau est surtout connu pour ses pieds palmés bleus donc. Nous sommes en période de nidification. La période de reproduction est passée, les parents se relaient pour couver les œufs. Selon la température, la période d’incubation est plus ou moins longue. Afin de marquer son nid, le couple défèque tout autour créant un petit territoire bien à eux.
(Comment reconnaît-on le mâle ? Il a la queue en l’air à la saison des amours…)
Une fois les œufs éclos, il faudra encore un moment avant que les deux parents puissent voler ensemble. Ils doivent encore se relayer car il existe des prédateurs intéressés par les petits (des rats, des frégates…). Les petits sont blancs et duveteux, leurs pieds ne sont pas encore bleus. D’ailleurs, il peut y avoir jusqu’à 3 œufs, mais la sélection naturelle est rude et le petit 3e ne survit que dans 20% des cas (les rixes fraternelles sont rudes). Les jeunes grandissent vite, ils dépassent leurs parents en taille. Après cette poussée de croissance, ils peuvent se défendre seuls. Quelques temps après, les plumes remplacent le duvet et ils pourront bientôt voler. À ce moment-là, il faut encore compter sur quelques leçons de pêche avec les parents avant d’être indépendants. Et ces derniers de se séparer. Ils seront restés ensemble 7 mois, l’année suivante ils changeront de partenaires. Les pieds se colorent peu à peu avec l’alimentation riche en poissons. Les minéraux contenus dans la chair colorent peu à peu les pieds en bleu.
Outre les fous, nous pouvons voir de nombreuses frégates. Ça n’est pas la période des amours donc les mâles n’arborent pas la poche rouge caractéristique. Toutefois, on peut voir des jeunes bientôt adultes. Leurs plumes passent du blanc au noir. Nous faisons vite le tour mais le temps ne permet pas de voir les albatros qui nichent aussi sur l’île. Nous redescendons vers le bateau pour la suite. Nous repassons devant un le check-point qui s’est affaissé entre-temps. Nous enlevons à nouveau les chaussures et traversons la plage en évitant la foule de petits crabes qui occupe les lieux.
Nous avançons vers une crique et mangeons notre déjeuner : deux pauvres sandwichs et des fruits.
La crique est propice au snorkeling. Parmi la faune aquatique on trouve des tortues (des fois), des poissons perroquets et des poissons trompettes entre autres. Même si la pluie s’est arrêtée nous avons décliné l’offre. L’eau n’était pas chaude-chaude et nous avons manqué de courage. Heureusement depuis le bateau nous avons observé quelques-uns des poissons locaux. Nous avons beaucoup de respect pour les compagnons qui ont osé plonger.
Il est temps de repartir. La visite a été très sympa, un peu redondante car il y a peu d’espèces réellement présentes sur l’île. Nous sommes très contents d’y être allés. Je regrette simplement le trajet retour, bien pire que l’aller. Je suis sure que nous avons volé une seconde au-dessus de quelques vagues. Pas de nausée mais ça n’est pas agréable quand même. Alors que je m’accroche au banc, Will s’endort comme un bienheureux. Il y en a que ça berce apparemment. C’est bien le seul.
Une heure après nous arrivons enfin à bon port. Nous nous reposons un peu de cette courte odyssée, puis nous marchons tranquillement le long de la plage. Nous atterrissons dans une crêperie “française”. Elle a été créée par un Français mais le patron maintenant c’est Miguel-Angel. Hypersympa, il nous donne encore quelques idées de visites autour ainsi qu’un bon plan pour manger une spécialité locale. Parfait, nous avons notre programme pour demain. Après ce goûter sur le ton de la conversation, nous prenons congés et allons dîner.