Journal de séjour #179 – Sucre, capitale de la Bolivie

Journal de séjour #179 – Sucre, capitale de la Bolivie

Nous nous réveillons tôt et essayons de ne pas réveiller nos fêtards. Après le petit-déjeuner, nous rangeons toutes nos affaires et déposons nos sacs à la consigne pour le check-out. Nous restons à la réception car nous nous sommes inscrits à une visite guidée de la ville. Nous discutons avec des Françaises qui viennent d’arriver. On entend dire que la grève des transports continue et que ça pourrait affecter notre bus vers La Paz ce soir. Nous demandons à la réception s’ils peuvent confirmer le départ. Après coup de fil, tout est parfait. Nous devrons prendre un taxi en revanche.

Le tour va commencer et nous sommes assez nombreux à le faire. Nous retrouvons même notre Australien et sa copine. En avant pour la balade.

Nous commençons par monter vers le couvent de Santa Anna. Sur la route nous voyons les effets de la grève. Des bus bloquent l’accès à plusieurs routes, obligeant les voitures à faire des détours et demi-tours.

De la place nous pouvons voir la ville de Sucre. Aujourd’hui le couvent a été réhabilité en école. Seule l’église a encore une vocation religieuse. D’ailleurs une drôle d’histoire existe entre les nones et les prêtres de la ville. Nous avançons un peu plus loin devant les quartiers des prêtres. C’est ici qu’ils rencontraient dans le plus grand secret les nones pour passer un peu de bon temps. Un tunnel étroit relie le couvent à ces habitations. Il va même jusqu’au cimetière. Évidemment, les fruits de ces amours clandestins ne devaient pas voir le jour. De nombreux foetus ont été retrouvés ensevelis rien que dans le tunnel. D’autres ont dû être enterrés au cimetière. Le tunnel étant étroit, j’ai laissé Will y faire un tour.

Nous descendons ensuite la colline jusqu’à un musée des arts indigènes. L’architecture date de la colonisation et a été gardée telle quelle comme beaucoup d’habitations à Sucre. On apprend que les peuples indigènes de Sucre ont tenu tête aux Espagnols pendant un temps. Ces derniers ont capturé un indigène et lui ont promis de le libérer sous réserve qu’il leur livre le secret des mines d’or. Il envoya un message à ses tribus pour demander à ce qu’ils donnent de l’or aux Espagnols. Les shamans virent l’ambition espagnole par des rituels et les tribus décidèrent de ne pas répondre à l’appel. L’indigène fut écartelé et les Espagnols vinrent conquérir les terres de Sucre en ayant la main mise sur les mines d’or.

Nous descendons encore en ville et nous arrêtons devant une église importante pour l’Histoire. Un jour, deux hommes furent emmenés en prison par la milice espagnole en réclamant l’indépendance du pays. Leurs cris ont attirés les passants et un prêtre reprit les appels à l’indépendance en sonnant la cloche de son église jusqu’à ce qu’elle se brise. Les appels ont fait leur bonhomme de chemin et la vague de la révolution s’est étendue depuis Sucre sur tout le pays et même au-delà. C’est toute l’Amérique du Sud qui s’est réveillée à partir de ce jour.

Nous passons ensuite au marché central où l’on peut faire ses courses bien sûr mais aussi manger un plat typique de la ville. Nous avons testé un sandwich au chorizo qui était très bon.

Nous repartons à nouveau vers la première université de la ville, qui est aussi la seconde d’Amérique du Sud, historiquement parlant. En tant que symbole de l’avancée du pays, elle a même été représentée sur le billet de 100 bolivianos. Elle est gérée pour moitié par les enseignants et pour l’autre moitié par les étudiants. Le conseil se tient donc de façon équitable et si l’une des parties commence à manquer à son devoir, elle est reprise à l’ordre par la seconde. Les étudiants ont donc un certain pouvoir et des manifestations ont souvent lieu pour revendiquer tel ou tel droit. D’ailleurs dans un hall plus loin, une fresque a été peinte en l’honneur d’un soulèvement qui a fait 3 morts parmi les étudiants.

L’économie de la ville repose sur trois piliers. Le premier est la vente du ciment qui continue d’être produit à échelle nationale à côté des empreintes des dinosaures vues hier. La seconde est l’éducation car même si l’université ne coûte rien en terme de droit d’entrée, un étudiant doit payer son loyer, sa nourriture, ses affaires, etc. Même les plus riches étudiants préfèrent les universités publiques de Sucre aux universités privées du pays car on leur reprochera d’avoir payé leur diplôme sans avoir rien appris. La dernière repose sur le tourisme.
Nous arrivons sur la grande place de la ville. Les grands bâtiments administratifs l’entourent. Sucre est la capitale du pays d’un point de vue administratif. Mais pour certaines raisons, seul le pouvoir judiciaire est encore présent en ville. Les pouvoirs législatif et exécutif sont à La Paz maintenant. Nous remontons vers un autre musée consacré à l’art textile des indigènes qui est encore à l’honneur dans la ville.

Nous revenons ensuite à l’hôtel où on nous offre une bonne limonade.

Pour la suite, nous partons manger avec un couple rencontré à l’auberge. L’un d’eux a des origines indiennes et sa copine crée des colliers à partir de fils et d’une gemme. Nous sympathisons et allons demander à monter en collier le cristal de sel que nous avons emporté de la vallée de la lune à San Pedro de Atacama. Il s’avère que le cristal est trop fragile. Tant pis, je me fais faire un collier à partir des quartz qu’elle propose. Nous passons l’après-midi à papoter avec les Françaises de ce matin. Le départ approche. Nous récupérons des “lunch box » proposées par l’hôtel et attendons le taxi. Nous arrivons bien en avance au terminal. Nous devons retrouver le bureau de notre agence. De là nous nous enregistrons et on nous demande de laisser nos bagages derrière le comptoir. Nous ne sommes que moyennement rassurés de les laisser en échange d’un ticket. Nous descendons quand même vers les voies et devons nous acquitter des droits d’utilisation du terminal. Nous avançons vers notre voie et pouvons observer la façon dont les bagages sont acheminés vers les bus. Depuis l’étage, une corde et un crochet font descendre bagages, sacs, courrier, glaciaires et même un lit… on a vu passer le sommier par pièce et le matelas en prime. Un bus de la même compagnie part un peu avant le nôtre. Nous nous rassurons en ne voyant pas nos bagages partir dans celui-là. Quand notre bus arrive, nous attendons de voir passer nos bagages avant d’embarquer.

La compagnie est sans doute plus haute de gamme, en tout cas on ne nous a pas menti sur son confort. Bien meilleur que les bus chiliens, nous pouvons bien nous allonger. Pourtant il me semble avoir demandé des semi-camas mais j’ai un doute d’un coup. Bref, la nuit se passera bien, avec un arrêt toilettes à 2h du matin…

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