Journal de séjour #138 – Escalade du mont Aora’i

Journal de séjour #138 – Escalade du mont Aora’i

Levés aux aurores pour une journée dans la montagne sur le mont Aora’i. Nous rejoignons notre guide à la boulangerie proche de notre logement. Haunui est un jeune autochtone qui en connaît un rayon sur son île. Son nom signifie “grande paix ». On ne va pas s’ennuyer avec lui. Nous patientons en centre-ville, un autre couple va nous rejoindre. Il nous explique comment les Européens ont voulu étouffer les traditions tahitiennes avant qu’une prise de conscience les fasse faire marche arrière (comme à chaque fois en fait). Aujourd’hui la langue tahitienne est enseignée à l’école mais à partir du collège les enfants peuvent choisir d’arrêter pour une autre langue. La culture se perd un peu. Les gens sont un peu plus méfiants. L’autre couple arrive, ils ont l’air bien équipés. Ils sont aussi de la Côte d’Azur, c’est assez sympa. Nous partons jusqu’au mont Aora’i, la 3e plus haute montagne de la Polynésie. Nous démarrerons la grimpette à 600m pour arriver au sommet… à 2066m ! 10km d’ascension. Ça promet !

Jusqu’au premier repaire, c’est assez simple. La randonnée est très agréable et assez facile malgré la montée. Sur la fin, ça grimpe un peu plus. On a déjà une superbe vue sur Papeete et Mo’orea.

Haunui nous parle un peu des plantes, nous fait goûter des framboises sauvages (super bonnes)…

Première pause bien méritée après 3h de randonnée. Nous avons croisé un couple qui avait bivouaqué au refuge la nuit dernière, ils ne sont pas allés plus loin à cause de la difficulté. C’est super rassurant.

Effectivement le chemin se change en une espèce de sentier entouré de part et d’autre de bruyères, de rochers ou de vide. À ce stade, nous avons vite été à la traîne. Des cordes nous aident à grimper des parois à la verticale. Il faut également faire attention à ne pas se faire happer dans un trou au bord du sentier.

Il nous faudra 3h de plus pour arriver au 2e refuge. La vue y est impayable.

Nous sommes à deux doigts d’abandonner en revanche. C’est beaucoup plus physique que ce qu’on nous avait annoncé au téléphone. Encouragés par les autres, nous décidons quand même d’avancer jusqu’au sommet. Nous continuons sur ce sentier plus que réduit avec la vue sur le vide et le plus haut sommet de la Polynésie d’un côté et les nuages de l’autre. Nous sommes au-dessus de tout et la vue est grandiose.

Enfin nous arrivons au sommet après 2h encore de marche. Nous sommes exténués mais heureux de l’avoir accompli. Haunui nous récompense par un chant au ukulélé et nos compatriotes ont eu la gentillesse de nous nourrir. Parce qu’à part deux bananes et des madeleines, on nous avait dit de ne rien prévoir, qu’on rentrerait à temps pour un repas au village. Et nos arrière-train sont des gallinacés ! Bref, nous profitons de notre petite pause pour laisser une trace de notre passage. Haunui a récupéré une tête d’ananas que nous allons planter ici, au sommet.

Petite trace de notre passage, un ananas en haut de la montagne !

Nous profitons encore un peu de la vue avant de descendre. Il faut faire vite car le soleil est couché à 18h. Il nous reste 4h pour revenir avant la tombée de la nuit. La descente est toujours plus rapide mais les genoux de Will recommencent à flancher. Nous nous dépêchons au maximum. Nous ne sommes pas certains d’avoir emprunté tout cet itinéraire par moments. Notre cerveau a occulté certains passages. Ça ne rend pas la descente plus aisée. Arrivés au premier refuge, il ne reste que notre guide. L’autre couple est parti en avant. Ils avaient autre chose de prévu et ne pouvaient nous attendre. Nous repartons à notre rythme mais forçons sur la fin alors que le soleil entame sa descente. Haunui nous raconte quelques légendes dont une racontant l’idylle entre une princesse et un jardinier. Pour épouser sa bien-aimée, il dut tuer secrètement un énorme lézard pour cacher la belle dans sa grotte. Pendant des semaines, tous cherchèrent la princesse sauf dans la grotte maudite, pensant le lézard toujours en vie. Le roi promis le mariage à quiconque retrouverait sa fille et le jardinier de se ramener (comme une fleur !) avec la princesse saine et sauve. Mariage, bébé, etc.

Nous redescendons toujours et la nuit tombe peu à peu. Nous sommes presque arrivés quand il fait nuit noire. Nous n’avons plus qu’à utiliser la torche du téléphone pour avancer. Heureusement il ne reste plus de descente difficile. Nous avançons à tâtons sur le sentier quand nous arrivons enfin à destination. Il nous aura fallu un peu plus de 4h pour redescendre. Haunui termine par nous montrer la constellation du scorpion, qui est en fait le hameçon, qui est en fait un cerf-volant pour les Tahitiens. À la pointe du hameçon, il y a deux étoiles plus brillantes. Ce sont deux enfants qui ont profité de l’absence de leurs parents pour voir le monde. Une étoile plus brillante est présente plus loin sur le hameçon. C’est une lampe envoyée par la mère des garçons quand elle comprit qu’ils étaient allés jusque-là.

Nous nous félicitons de cette randonnée plus folle que les autres et que nous avons pu achever d’un bout à l’autre. En rentrant nous pouvons sentir chacun de nos membres nous infliger le martyr. Nous mangeons avec Lucie et les enfants avant de prendre une douche bien méritée ainsi qu’un repos de souche.

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