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Articles du voyage en Chili

Journal de séjour #162 – Village mapuche à Pucon

Journal de séjour #162 – Village mapuche à Pucon

Nous devons nous lever tôt pour rejoindre Mirella en ville. Nous pensons prendre un bon chocolat chaud et faire un dernier achat avant le départ. Nous la retrouvons devant le Cafe de la P qui n’ouvre pas encore. Il fait plutôt frisquet dans cette région de montagnes. Nous décidons de tenter une autre adresse. Sur la route nous nous faisons escorter par deux chiens. C’est un classique dans ce pays. Nous arrivons à un second restaurant qui est bien ouvert. Nos deux goinfres prennent des formules énormes. Je me contente d’une petite… pour mieux piocher dans leurs assiettes. Nous passons un bon moment dans ce restaurant avant de retourner au Cafe de la P pour ses chocolats chauds.

L’heure avance, nous partons au centre artisanal faire notre shopping. Puis nous revenons à l’auberge pour retrouver Carolina, notre hôtesse. Elle nous a promis une excursion dans un vrai village mapuche. Nous l’attendons un moment puis nous partons enfin. C’est qu’il y a un peu plus de 8km de marche (juste l’aller). Le temps est au beau fixe et nous aurions presque chaud. Nous traversons un pont complètement délabré et profitons de la vue sur les montagnes.

Le village est en fait un ensemble de maisons très espacées les unes des autres. Les touristes sont rassemblés autour d’une maison particulière, gardant ainsi la tranquillité du village. Nous patientons donc que le groupe précédent ait terminé avant de commencer notre session. Nous sommes installés dans une maison typique, toit de chaume et terre battue. Des sièges recouverts de peaux entourent un feu. C’est très agréable.

Le mode de vie mapuche est assez rudimentaire. Ils vivent pour l’essentiel de ressources naturelles et surtout de la cueillette et de l’agriculture type potagère. Tout se fait à base des plantes, de la nourriture à la médecine. Ils ont une connaissance parfaite de la flore locale. Nous profitons de la discussion pour faire un peu de cuisine. Ces petites graines grillées serviront d’apéro.

On nous explique ensuite l’importance du drapeau. Les couleurs sont en lien avec le ciel, la terre et le sang versé. Les Mapuches ont tout de même repoussé les Espagnols pendant 300 ans. Au centre, la croix encerclée représente les 4 points cardinaux. Enfin, 4 éléments sont représentés : le soleil, la lune, le vent et l’étoile. Les premiers sont un lien direct avec le cycle des plantes, ce sont grâce à eux que les plantes poussent et fertilisent le sol. Le dernier est un hommage aux ancêtres qui se transforment en étoile à leur décès. Nous continuons avec un peu de musique traditionnelle.

Nous nous faisons habiller à la mode locale et allons à l’extérieur pour voir un lieu spirituel. Lors de certaines cérémonies, on danse autour de ces arbres, toujours par la droite. Un autre site spirituel plus important se trouve plus haut dans la montagne. Des sacrifices y sont faits à certaines dates importantes en l’honneur de la nature et pour la remercier de ses bienfaits.

Nous nous remettons en mode touriste pour jouer à un sport mapuche proche du hoquey. Deux piquets pour les buts, une balle et des crosses en bois. Le principe est simple, il faut envoyer la balle dans le but adverse. Victoire de la France, mais à 3 contre 2 il faut dire.

Pour finir nous passons à table où seuls des plats mapuches typiques sont présents. Il n’y a pas de viande, que des pains et des plats à base de pois, de légumes et de fruits. Le miel et la confiture sont faits maison. C’est délicieux et très savoureux. Les boissons sont aussi excellentes. Il faut juste penser avant de boire à verser un peu de son verre au sol pour trinquer avec la terre nourricière, Pachamama.

Cette visite chez les Mapuches a été enrichissante. Nous n’avons vu qu’une faible partie de leur culture, il faudrait y rester des mois/années pour en apprécier la pleine valeur. Ça n’en reste pas moins un merveilleux moment passé avec eux. Nous avons même pu demander comment se passait un mariage mapuche. Assez simplement, le couple est habillé en une des couleurs du drapeau et est installé au centre d’un cercle de fleurs blanches pendant que le sage officie.

Le retour se fait toujours à la marche. De retour à l’auberge, il est temps pour nous de faire nos sacs et de dire au revoir. Le bus nous attend pour Valparaíso. Nous partons à 19h50 pour arriver à 8h30 le lendemain. Le système est toujours le même mais avec la marche du jour mes genoux me font des misères toute la nuit.

Soit dit en passant, dans le bus une vidéo se lance sur des petits écrans placés en hauteur. Outre des clips musicaux et des films, une vidéo sur la sécurité dans le bus est lancée. C’est un peu l’idée des mesures de sécurité dans un avion reprise pour la sécurité routière. Outre le port de la ceinture obligatoire, l’interdiction de fumer et de boire de l’alcool, un message revient souvent pour rappeler que la vitesse maximale autorisée est de 100km/h. En cas d’excès, un signal sonore se fait entendre jusqu’à ce que le chauffeur abaisse la vitesse. De plus, il est vivement recommandé aux usagers de dénoncer le chauffeur auprès du site internet gouvernemental prévu à cet effet. C’est un peu extrême quand même…

Journal de séjour #161 – Neige au volcan Villarica

Journal de séjour #161 – Neige au volcan Villarica

Nous pouvons prendre notre temps, les boutiques n’ouvrent pas avant 11h. Nous nous préparons tranquillement et partons vers le centre artisanal de Pucón. Nous sommes encore en avance d’un quart d’heure. En venant nous avons repéré un café proposant du chocolat chaud et des churros. Nous ne sommes pas sur le standard espagnol mais ça fait du bien quand même.

Ensuite nous repartons à notre shopping. Les premières boutiques semblent encore fermées mais nous continuons au fond du centre artisanal où on nous a dit que les prix étaient meilleurs qu’ailleurs. Nous trouvons notre bonheur et repartons à l’auberge. Nous y mangeons et attendons notre guide pour aller sur le volcan.

Nous ne sommes pas équipés, ni préparés pour l’ascension jusqu’au cratère. Mais nous pouvons faire une petite balade en raquette sur son flanc. Nous partons en van et sommes ballottés sur la route ascendante. Le cratère est à 2840 mètres, nous nous arrêtons à 1440 mètres. Il y a une station de ski à ce niveau et nous pouvons suivre la piste jusqu’à la cafétéria suivante 200m plus haut et 2 km plus loin. C’est notre première fois en raquette, nous irons tranquillement.

Notre guide ne nous accompagne pas, nous pouvons prendre notre temps. Ça se fait bien et les raquettes ne sont pas compliquées à maîtriser, surtout avec les bâtons. Nous grimpons en profitant du paysage, quand les nuages et la brume ne nous cachent pas la vue. Avec quelques boules de neige lancées par-ci par-là, nous nous amusons bien. Ça reste une balade agréable et nous en sommes très contents.

Au retour, notre chauffeur nous dépose à la boutique pour que nous rendions notre matériel plus tôt. Tout est en règle, je peux récupérer mon passeport qui a servi de caution. Nous allons encore faire quelques courses et rentrons nous mettre au chaud. Pendant la soirée, nous discutons avec notre hôtesse et elle nous annonce que deux autres logeurs sont partis chercher de quoi faire des terremoto. Nous attendons donc et passons une bonne soirée à siroter nos boissons sucrées… peut-être même un peu trop, nous avons du mal à les finir. En tout cas on va bien dormir.

Journal de séjour #160 – Sources et thermes à Pucon

Journal de séjour #160 – Sources et thermes à Pucon

Nous prenons notre temps ce matin. Malgré trois couettes, nous avons eu froid cette nuit. Après le petit-déjeuner, c’est en nous préparant à sortir que nous nous sommes rendus compte qu’une fenêtre était restée ouverte toute la nuit. Nous n’avions pas regardé derrière ce rideau. Nous nous sommes sentis un peu bêtes. Nous partons donc en ville pour deux-trois affaires.

Tout d’abord, nous devons louer les raquettes pour le trekking du lendemain. Notre hôtesse nous a indiqué la veille où aller. Arrivés à la boutique nous voyons de bons horaires et une pancarte avec une flèche. Nous pensons qu’il faut passer sur le côté mais rien n’indique une porte. En regardant par la fenêtre, on voit du monde. La porte s’ouvre sur une vendeuse qui nous explique un truc en espagnol. Nous ne comprenons pas. Elle marmonne un truc en français. Ô joie ! En fait, toute la boutique est française ou presque. Ça fait plaisir. C’est d’autant plus facile pour nous de comprendre les conditions de location. Nous essayons les raquettes et prenons des bâtons de marche, au cas où.

Notre matériel en main, nous partons vers la poste. Nous allons retenter l’envoi des peintures. Cette fois aucune demande particulière mais il n’y a aucun paquet qui convienne. Nous tentons plusieurs combinaisons, un grand carton pourrait convenir mais nous n’avons rien pour le remplir. Notre session shopping est prévue pour dimanche, impossible de poster ce jour-là. Mais nous voulons vraiment nous “débarrasser » des tableaux, ils vont s’abîmer à force de voyager. La solution sera d’emboîter deux enveloppes à bulles, une de chaque côté des images et il n’y a plus qu’à envoyer. Ne reste plus qu’à acheter les billets de bus pour dimanche soir. Nous allons à l’agence et prenons facilement nos tickets. C’est d’autant plus simple que j’avais fait un repérage la veille sur Internet. Nous rentrons et mangeons nos pâtes et saucisses maison. Simple mais efficace, ça nous a manqué même.

Sur le chemin du retour, on peut voir des belles idées pour recycler nos objets du quotidien.

Un repas étudiant, rien de tel pour bien manger.

À 14h30, un van arrive et nous emmène pour la visite de l’après-midi. Nous rencontrons une Française, Mirella, avec qui nous sympathisons. Notre guide, Carlos, nous parle en espagnol mais s’assure que nous comprenions, il connaît même un peu de français. Nous voyons une première cascade qui fait rêver William. En mars, des saumons de plus de 20 kilos (dixit Carlos) remontent le courant. William bave sur place et espère pouvoir y revenir en mars, jus de citron en main.

 

La seconde est plus petite mais c’est surtout la suivante qui est connue pour sa couleur bleue. Il est vrai que ça a un côté lagon mais en plein milieu de la forêt.

Petit arrêt au niveau d’un lac immense (je n’ai plus le nom).

Nous terminons la journée avec les thermes. Enfin nous profitons des joies géothermiques. Une eau bien chaude au naturel. C’est comme un grand bain qui ne se refroidit jamais. Le rêve ! C’est bien détendant.

Avant de rentrer, on passe dans une petite boutique. Une petite empanada, une tarte et la vue sur le volcan qui s’est enfin dégagée… que demander de plus.

De retour en ville, nous profitons du Cafe de la P pour un petit chocolat chaud. Mirella nous accompagne volontiers. Puis nous repartons chacun à nos quartiers pour une bonne nuit de sommeil.

Journaux de séjour #158-159 – De Santiago à Pucon

Journaux de séjour #158-159 – De Santiago à Pucon

Jour n°158 :

C’est notre dernier jour à Santiago avant de partir sur Pucon. Nous partons vite fait en centre-ville pour retirer des sous à une banque sans frais (Scotiabank pour les curieux). Puis nous allons à la poste car nous n’avons pas encore réussi à envoyer deux reproductions de tableaux tahitiens. Ils n’avaient pas de paquet assez grand à Tahiti. Nous prenons notre ticket et après une longue attente nous sommes appelés au comptoir. Nous avions repéré le carton que nous voulions. Nous leur demandons et nous avons le malheur de leur montrer les tableaux. On nous répond qu’il faut l’autorisation du musée des beaux-arts pour envoyer une quelconque œuvre. Même si c’est une reproduction, une lithographie, une photo etc. et même si l’œuvre n’est pas chilienne… la seule exception possible serait le dessin fait par un enfant ! Nous tombons des nues, on ne nous l’avait pas encore faite celle-là. Nous repartons bredouille. On ne peut pas se permettre d’aller jusqu’au musée des beaux-arts pour leur demander une autorisation. Tant pis on continue à voyager avec les lithographies et on essaiera d’une autre ville ou d’un autre pays.

Nous filons vite fait à l’auberge pour faire le check-out. Nous pouvons continuer à utiliser les parties communes jusqu’au départ. Nous allons manger un bout.

En rentrant, on constate que devant les écoles, des petits stands se placent juste devant la sortie des écoles afin de récolter l’argent de poche de nos chères petites têtes blondes. Le problème c’est qu’on tombe aussi dans ce piège, que voulez-vous nous aussi on aime les sucreries.

Nous sommes un peu démotivés dans l’après-midi, nous resterons à l’auberge. L’heure du départ sonne, nous prenons le métro jusqu’à la gare routière. Nous arrivons tôt. Nous en profitons pour manger un hot-dog. Puis nous patientons vers les quais. Enfin notre bus est annoncé. Nous remettons nos bagages en soute contre des tickets, comme une conciergerie. Nous nous installons à l’étage sur nos “semi-cama ». C’est l’équivalent de la seconde classe du bus couchette. On peut quand même bien s’allonger et un repose-pied pliant est disponible. Il est 20h30, c’est parti pour notre nuit jusqu’à Pucón.

Jour n°159 :

Il a plu toute la nuit, mais ça ne nous a pas empêchés de dormir. Nous arrivons à 7h ce matin. Le jour se lève à peine et tout semble fermé. La pluie continue et il fait très froid, on est proche des montagnes. Nous filons rapidement jusqu’à l’auberge mais tout est fermé. Nous revenons vers la rue principale et nous arrêtons devant le seul point de lumière, une sorte de pâtisserie-chocolaterie, Cafe de la P. On nous dit que ça n’ouvre pas avant une demie-heure. Nous patienterons devant la vitrine sous l’auvent. Après plusieurs dizaines de minutes, on nous fait signe d’entrer. Enfin au chaud, nous profitons de ce repos. Les formules petit-déjeuner sont alléchantes et nous nous laissons aller à la gourmandise.

En plus de la marmelade on peut avoir du guacamole, ben c’est super bon !

Nous attendrons tranquillement une meilleure heure pour partir. Il y a Internet et la serveuse parle français, ce qui est rare. Nous partons autour de 11h pour l’auberge. La pluie sera là pour la journée. C’est encore fermé mais le garage à côté est ouvert. Le garagiste part appeler la gérante et nous sommes bientôt installés. Nous papotons un moment quand la collègue arrive pour nous expliquer les activités du coin. Nous réservons ce qui nous tente. Nous partons ensuite acheter de quoi manger au supermarché. Nous avons une cuisine autant s’en servir par souci d’économies. La connexion est excellente et il pleut toujours. Nous passerons l’après-midi à travailler proche du poêle à bois.

Journal de séjour #157 – Vive les Terremoto !

Journal de séjour #157 – Vive les Terremoto !

Avant de profiter de la journée, nous allons devoir nous occuper de la suite. Après le petit-déjeuner nous allons à la gare routière pour acheter nos billets pour le lendemain. Il faut marcher un peu puis choisir la bonne gare. Il y en a deux, chacune proposant certaines compagnies. Ayant vu sur Internet celle qui serait la moins chère, nous demandons notre chemin à une dame à l’accueil. Évidemment c’était celle d’à-côté. Nous passons à travers de nombreuses petites boutiques et fastfoods avant d’arriver devant les différents guichets. Ça fait un petit rappel de la Malaisie. Sauf que nous savons où aller. Nous repérons le bureau Jet Sur, la compagnie la moins chère sur le trajet qui nous intéresse. Nous demandons deux tickets pour Pucón demain soir. C’est même un poil moins cher que sur Internet, tant mieux.

Fiers de notre achat nous repartons. Will en profite pour se prendre de nouvelles semelles. Nous rentrons à l’auberge pour récupérer des affaires et réserver le logement sur Pucón. Nous ressortons vers le centre-ville et remontons toutes les rues jusqu’au marché. Là nous retrouvons l’adresse d’un restaurant bien spécial, La Piojera (littéralement, l’infestée de puces). Son nom vient d’un maire qui s’est vu invité à y manger par un commissaire il y a longtemps. Ce dernier lui a promis de l’emmener manger là où se restaurent les vrais travailleurs de la ville. À la vue de l’établissement, le maire s’est écrié “qu’est-ce que cet endroit plein de puces ?” et c’est resté. En attendant on peut y déguster deux spécialités. Le terremoto (tremblement de terre) est une boisson alcoolisée très sucrée. On ne se rend donc pas compte de la quantité d’alcool avec un seul verre. Puis on se lève et la terre tremble, d’où le nom. Le lomo al pobre est un plat anti-gueule de bois en revanche. Un steak, des pommes de terre, des œufs et des oignons frits par-dessus. Les deux sont un régal à partager.

Nous descendons la rue et essayons une boisson très sucrée qui nous fait de l’œil depuis le début. De la pêche et du blé, appelée « Mote con huesillo » c’est un très bon mélange. Will en est devenu fan !

Nous nous arrêtons au musée d’histoire, un petit musée gratuit. Malheureusement toute la partie colonisation est en rénovation mais nous avons un bel aperçu de l’évolution économique et sociale du Chili.

Nous reprenons la route et décidons de rentrer. Nous pensions travailler un peu mais évidemment Internet ne fonctionne plus. Une sieste s’impose donc. En soirée nous ressortons pour manger. Nous trouvons un petit restaurant qui propose des spécialités vénézuéliennes. C’est super bon.

Au retour nous restons un moment avec les autres locataires de l’auberge, notamment deux Français présents dans notre dortoir. Après cette bonne soirée nous allons nous coucher.

Journal de séjour #156 – Visite guidée de Santiago de Chile

Journal de séjour #156 – Visite guidée de Santiago de Chile

Nous avons découvert hier un flyer avec pour contenu une visite gratuite de la ville (avec si possible petit pourboire à la fin, à votre bon cœur Messieurs-dames). Santiag’Otop propose une visite pédestre en français pendant trois heures avec points culturels et historiques. Il suffit de se rendre au point de rendez-vous à 15h sans réservation. Autant profiter de la mâtinée pour planifier notre voyage dans le reste du Chili. Nous ne sortons qu’à 13h pour chercher un endroit pour nous restaurer. Nous approchons de la bibliothèque nationale où débutera la visite. Sur une place, nous trouvons un petit bistrot proposant des menus sympas et pas chers. Entrée, plat, dessert, seul le plat est au choix et on se régale. C’est un bon plan pour éviter la malbouffe à tous les repas.

Nous nous rendons alors devant la bibliothèque, nous avons une demie-heure devant nous. Nous voyons notre guide, Jonathan, un Chilien-Suisse qui a monté sa boite de visites de la ville à Valparaíso et maintenant à Santiago. Nous sommes bientôt rejoints par Vincent qui voyage depuis des années et est descendu des États-Unis en auto. À nous quatre nous ferons une belle visite.

Nous commençons par la colline Santa-Lucia où un reste de fort espagnol datant de la colonisation est encore visible. Cette colline a toujours eu un rôle militaire jusqu’à son réaménagement en jardins pour fêter le premier centenaire de l’indépendance. Aujourd’hui il est encore très agréable de s’y promener et un marché d’artisanat mapuche s’y est installé.

Une longue route longe la place. Elle remplace une ancienne rivière qui était la limite sud de la ville pendant longtemps au début de son développement. Nous avançons ensuite vers une grande rue piétonne. Elle a été construite sur une ancienne route inca. Aujourd’hui on y trouve de nombreuses animations et stands de vente de rue. Ces derniers étant illégaux, les vendeurs remballent et décampent dès qu’un policier arrive. Alors que nous passons, la rue est plutôt calme à cause de la police montée stationnée non loin.

Nous continuons jusqu’à l’ancien quartier économique de la ville en passant par la rue Nueva-York. On y trouve l’ancienne bourse et le premier gratte-ciel de la ville, datant du début XXe.

Nous revenons sur la grande avenue et passons devant l’université de Santiago. C’est un lieu important car beaucoup de manifestations y prennent place. La plupart du temps cela touche le milieu estudiantin. Depuis la dictature de Pinochet, les institutions sont généralement privatisées. Bien que la dictature ait pris fin, la Constitution de l’époque est toujours d’actualité. L’éducation n’échappe pas à la règle et les universités sont parmi les plus chères de toute l’Amérique du Sud, surtout comparé au Smic local. Les étudiants s’insurgent régulièrement contre le coût de cette éducation. La place est donc connue pour ses manifestations. Dernièrement il y a eu des mouvements à cause de la décision de la présidente chilienne d’autoriser l’avortement en cas de viol ou de mise en danger de la mère ou de l’enfant.

Nous avançons vers le palais présidentiel, appelé La Moneda. Il s’agissait de l’ancienne fonderie où étaient coulées les pièces de monnaie. En-dessous il y a tout un centre culturel, une médiathèque et des salles d’exposition. Nous passons devant la porte où le président Allende est entré dans le palais pour la dernière fois vivant. Étant le premier président socialiste et élu par-dessus le marché, ça n’a pas plu à certaines personnes. Ça s’est fini avec un coup d’état et le président Allende a dû combattre l’armée avec seulement une vingtaine d’hommes. L’assaut du palais a duré 6 heures, avec bombardement et tout. Ça se finira avec la mort du président, officiellement un suicide… Pinochet est l’homme qui prit le pouvoir par la suite, sous l’influence des États-Unis. La dictature instaurée par la suite n’est pas toujours reconnue comme telle aujourd’hui. Notamment parce qu’aucun jugement n’a été apporté et que Pinochet n’a pas été inquiété après sa destitution. Il est mort très naturellement chez lui. Ce qui fait que la Constitution n’a jamais été changée non plus.

La porte par laquelle Allende est passé vivant pour la dernière fois.

Alors que nous remontons vers la place des armes par une autre avenue piétonne, nous passons devant un café particulier. Si vous demandez un cafe de las piernas, on vous emmènera dans un établissement particulier, aux vitres teintées et aux employées à demi-dénudées. Will a bien sûr voulu essayer mais je suis rabat-joie, je l’en ai empêché.

William : Pour ma défense, je voulais juste prendre un café.

La plaza de armas ou place des armes était le centre de toute colonie lors de l’arrivée des Espagnols. On y trouve la cathédrale, le musée d’histoire et la première poste. Surtout, deux sculptures y sont présentes. L’une rend hommage au peuple mapuche, très peu arrivent à y voir un hommage, l’autre au conquistador qui a voulu régner sur le Chili, Pedro de Valdivia. Il n’y est jamais parvenu car les indigènes, le peuple mapuche, l’ont farouchement repoussé. Pendant 300 ans, les Mapuches, rompus aux combats contre les Incas, ont repoussé les attaques espagnoles. Ce qui explique que Santiago se soit développée sur le tard. Notre conquistador semble imposant sur son cheval qui représente le Chili. En vérité, ce cheval est indompté. Il ne porte pas les rênes et regarde dans une direction opposée à son cavalier. Ayant la patte avant levée, il indique la mort au combat de Pedro de Valdivia.

En vérité, il a été assassiné du genre Jules César. Les Mapuches ne sont pas organisés comme les Incas : il n’y a pas un seul empereur à la tête de tout le peuple, mais des chefs de clan un peu partout. Coupez une tête et des dizaines d’autres pousseront derrière. Pedro de Valdivia a alors eu l’idée du siècle. Partout il enleva des enfants mapuches pour les changer en parfaits soldats espagnols. L’un d’eux, Lautaro, a tout appris puis s’est enfui et a retransmis tout ce qu’il savait à son peuple. C’est lui qui assassina le conquistador qui a pu penser “Tu quoque mi fili » (dernières paroles de Jules César : “toi aussi mon fils »).

Nous continuons la visite jusqu’au marché. Comme il ouvre tôt, il ferme aussi tôt (17h). Nous le traversons rapidement avant d’arriver au niveau du fleuve. C’était l’autre limite de la ville avant qu’elle ne se développe beaucoup plus.

Le jardin Parque de los Reyes s’est développé tout le long et nous trouvons aussi le musée des beaux-arts. Une sculpture de sable est en cours de construction. Nous y faisons notre photo de groupe.

Nous descendons une rue et pouvons admirer l’œuvre d’un artiste de rue reconnu, Inti. Il a représenté deux personnages d’abondance du monde moderne. Comme ce sont des œuvres commandées par l’État, certains puristes du milieu ne les acceptent pas, d’où certaines attaques à la peinture.

Nous continuons par un autre quartier, quartier bobo. On y trouve de jolis trompe-l’œil et l’architecture y est intéressante.

Nous finirons au centre culturel Gabriella Mistral. Cette ancienne poétesse, inscrite au panthéon des prix Nobel, a été oubliée pendant la dictature. Ce centre culturel lui rend hommage.

Nous remercions beaucoup Jonathan pour cette superbe visite. Nous comprenons mieux l’histoire du pays et apprécions d’autant plus sa capitale. Après lui avoir dit au revoir, nous restons avec Vincent pour manger une crêpe à une adresse donnée par notre guide un peu plus tôt. Un vrai régal.

C’est agréable de parler avec Vincent et nous faisons encore un bout de chemin ensemble avant de rejoindre nos pénates respectives. Nous prendrons des espèces de chaussons à la boulangerie avant de rentrer.

Journal de séjour #155 – Première journée à Santiago de Chile

Journal de séjour #155 – Première journée à Santiago de Chile

Nous accusons encore le coup des horaires et profitons de la couette chaude pendant un moment. C’est qu’il fait plus frais à Santiago ! Le petit-déjeuner est servi jusqu’à 11h les week-ends, nous ne sommes pas pressés. Après le repas, nous nous préparons à sortir. Il fait beau, nous allons donc déambuler à travers les différents quartiers. Nous prenons le métro jusqu’à la colline San Cristobal.

Le prix diffère en fonction des heures d’utilisation (en clair, évitez l’heure de pointe).

L’arrêt du métro n’est pas proche, nous prenons le temps de marcher dans le quartier Bellavista. Hélas pour nous, il est plus vivant en soirée. Nous arrivons quand même sur une place commerçante où les restaurants ont la côte. Nous en choisissons un, il est presque 14h. Va pour des quesadillas. Le plat est tellement énorme que nous prenons la deuxième à emporter.

Bien lestés, nous avançons vers la colline. À son pied, des stands de vente de jouets, de sucrerie et de vêtements donnent une allure de kermesse. Il y a même un monsieur présentant son lama pour faire des photos avec les passants.

Nous passons aussi devant la file d’attente pour le funiculaire. En ce dimanche après-midi, elle ne désemplit pas. Nous préférons une bonne marche (ça ne se voit pas bien sur les photos ci-dessous, mais il y a bien plus de 150 personnes qui attendent, si vous voulez prendre le funiculaire évitez le week-end).

Nous commençons par marcher tranquillement le long de la route, puis nous bifurquons sur le sentier des randonneurs et promeneurs. Ça grimpe déjà plus mais c’est très agréable avec la nature autour et la vue de la ville qui se dessine. Nous apercevons même la Vierge au sommet.

La grimpette continue et enfin nous arrivons au niveau de cafés et autres boutiques gourmandes. Avant de nous récompenser de l’effort, nous devons atteindre le sanctuaire de la Vierge qui représente le sommet. La statue est assez imposante et embrasse la ville en contrebas. Une petite chapelle se trouve à côté.

 

Après l’effort, le réconfort. Will se prend une glace et je me laisse tenter par un gros biscuit local.

Nous apprécions le panorama avant de redescendre tranquillement. Nous passons devant un téléphérique qui peut nous amener plus loin sur la colline mais nous préférons commencer à rentrer. À pieds, ça nous fait une trotte. Nous repartons à travers le quartier de Bellavista et ses peintures de rue. Puis nous traversons le fleuve et un parc.

Plusieurs quartiers n’ont pour l’instant aucune explication pour nous mais ça va changer au cours du séjour. Plaza de armas, la moneda, tous ces noms n’auront plus de secrets. Nous rentrons enfin après cette bonne marche. Le soir tombe et nous pouvons apprécier le reste de nos quesadillas à l’auberge avec vue sur la Cordillère enneigée !

Journal de séjour #154 – Envol pour Santiago de Chile

Journal de séjour #154 – Envol pour Santiago de Chile

Le séjour sur l’Île de Pâques a été bref et nous sommes contents d’en avoir vu la majeure partie. N’eut été la fatigue de ce mois de septembre haut en décalage horaire, nous aurions sans doute tout vu. Nous traînons un peu au lit ce matin puis préparons nos affaires pour le vol cet après-midi. Nous partons voir Maca au restaurant pour lui dire au-revoir puis allons chez Lía. Elle nous a proposé la veille de laisser nos sacs chez elle le temps d’acheter quelques souvenirs. Après notre shopping, nous nous arrêtons à une sandwicherie pour prendre un repas à emporter. Quand nous commandons nous ne voyons aucun sandwich sur l’étal. La dame nous les prépare directement. Elle a l’air d’y mettre de l’amour car elle prend son temps. Nous hésitons à récupérer nos sacs et revenir la voir. Nous ne sommes pas loin de chez Lía. Will décide d’y aller pour ranger les souvenirs. À son départ un monsieur très étrange arrive avec sa guitare. Sans me demander il s’installe à ma table et commence à taper la discute. D’un coup je me suis décidée à ne plus comprendre l’espagnol, je joue très bien la touriste de base. Il faisait un peu clochard en plus. Ça a duré un moment. Dès que les sandwichs sont prêts je vais payer et j’explique, en français, au gentil monsieur que j’ai un avion. Je rejoins Will qui commençait à peine à revenir, nous récupérons nos sacs et allons au restaurant de Lía pour lui rendre la clé et lui dire au-revoir. Nos deux hôtesses ont vraiment été sympas et nous ont appris plein de trucs sur l’île.

À l’aéroport, nous profitons qu’il n’y a personne pour nous enregistrer et nous délester de nos gros sacs. Ça commence avec un scanner des sacs puis la routine habituelle jusqu’au comptoir. Puis nous mangeons nos sandwichs chauds et garnis. Elle y a vraiment mis du cœur. Il nous reste encore un peu de temps, nous flânons dans les boutiques et prenons deux boissons.
La foule commence à envahir le hall, nous croisons notre auto-stoppeuse de la veille. Nous avons bien fait de nous enregistrer avant de manger. Nous commençons donc les contrôles de sécurité et patientons dans le hall. Cet aéroport est le plus petit que nous ayons vu. En fait de hall, il y a une seule salle d’attente qui se prolonge en terrasse. Il fait beau, autant attendre en terrasse.

Nous embarquons et sommes installés dans l’allée centrale. C’est pas le top, on ne voit pas le hublot. Nous commençons à regarder la liste des films. 4h de vol et 2h de décalage horaire nous attendent. Le problème c’est qu’ils sont tous en anglais ou en espagnol non-soustitrés. Nos niveaux ne sont pas encore suffisants pour nous lancer dans cette aventure. Heureusement nous trouvons la solution : The artist. Quoi de mieux qu’un film muet sans sous-titres ! Le repas est servi et c’est super bon. On en profite même pour demander un petit verre de rouge. L’hôtesse est gentille en plus, on papote un peu l’air de rien.

Pour la fin du vol, je me lance sur un film déjà vu pour ne pas être perdue, pendant que Will teste les jeux à l’écran. Nous arrivons à Santiago de Chile. L’avantage de ce vol est qu’il s’agit d’un vol en interne, l’Île de Pâques appartenant au territoire chilien. Donc pas de contrôle d’identité ou de douane, la voie est libre jusqu’à la rampe de récupération des valises. C’est juste un peu difficile à ce niveau car tout le monde se masse devant la rampe et ne laisse aucune visibilité, quand ils ne se marchent pas dessus pour récupérer leurs effets. Nous y allons tranquillement et prenons nos sacs sans encombre. Au sortir de l’aéroport, nous trouvons la navette vers le centre-ville. Nous n’avons plus qu’à surveiller sur le GPS l’arrêt où nous voulons descendre. Un petit coup de sonnette et nous voilà sur le trottoir. Encore une petite marche pour arriver à l’auberge. L’ambiance est bonne mais nous n’avons que le repos en tête. Nous nous installons sur le lit superposé. C’est même assez grand pour qu’on y dorme à deux.

Culture et légendes de Rapa Nui

Culture et légendes de Rapa Nui

L’Île de Pâques fait rêver pour bien des raisons. Beaucoup de mystères entourent encore l’île et son histoire. Voici un petit condensé de ce que nous y avons découvert, notamment grâce au musée de l’île.

Pourquoi tant de mystères ? Tout d’abord il faut prendre en compte une rupture entre la tradition orale et la passation des connaissances. Ce qui a été perdu a donc été théorisé de façon plus ou moins scientifique. Les faits actuels proviennent d’évidences archéologiques, des histoires des voyageurs ayant redécouvert l’île depuis 1722 (le jour de Pâques d’où le nom), des savoirs encore présents parmi les natifs.

Rapa Nui, nom d’origine de l’Île de Pâques, a été formée par une forte activité volcanique : 3 principaux volcans et 70 cratères secondaires. Ça donne du 173 mètres carrés. Elle est plus qu’isolée, quasiment à mi-chemin entre Tahiti (4100 km) et la côte chilienne (3700 km). Il faudra donc attendre entre 800 et 1200 ans (après J.-C.) pour que les Polynésiens viennent s’y installer. Ça serait la dernière île découverte par le peuple polynésien. Tout ça juste en se guidant des étoiles, des courants marins et de la météo. Des grands bateaux de colonisation, les navigateurs européens n’en ont trouvé que des miniatures pour 5 personnes au XVIIIe siècle.

La légende veut que le premier chef Hotu Matu’a arriva avec deux bateaux. Sa sœur Avareipua conduisait le second. La seule trace de ces navires a été trouvée dans les pétroglyphes. Impossible de savoir si la colonisation s’est faite en une ou plusieurs fois ni à quelle date. 3 phases historiques sont posées. La phase de colonisation entre 800 et 1200, la population s’installe ainsi que la nouvelle culture. La phase Ahu Moai jusqu’au XVIIe siècle, la culture Rapa Nui atteint son apogée avec les sculptures des Moaïs. La phase Huri Moaï jusqu’à l’arrivée des missionnaires catholiques en 1864, des affrontement entre les différentes tribus éclatent et le rituel d’élection du roi est suspendu.

Hotu Matu’a fut donc le premier Ariki Mau, roi de l’île. Ses 6 fils formèrent chacun une Mata, tribu principale. À la fin, on reconnaîtra 10 Mata organisées en deux confédérations : Ko Tu’u Aro (l’aristocratie à l’ouest) et Hotu Iti (le simple peuple à l’est). La mata la plus importante aurait été fondée par Miru, fils ou neveu de Hotu Matu’a. Chaque Ariki Mau vient de cette Mata obligatoirement. Enfin chaque Mata est divisée en lignées Ure. Les chefs des Ure sont les plus anciens et doivent apporter le bien-être physique et spirituel de sa famille.

Grosso modo, on retrouve quelques fonctions de base. Ariki Mau est le roi et leader spirituel de toute l’île. Ariki Paka sont les aristocrates, surtout de la Mata Miru. Tangata Honui sont les anciens les plus importants qui conseillent le roi, souvent chef d’Ure. Ivi Atua sont les grands prêtres. Matato’a sont les guerriers et appartiennent avant tout à leur propre clan. Paoa sont les soldats de plus petites classes. Maori sont les artistes et experts en diverses disciplines. Kio sont le bas de l’échelle sociale, serviteurs ou esclaves.

La mythologie de Rapa Nui est proche de ses sœurs polynésiennes. D’un côté on a les dieux créateurs, de l’autre des petites déités et esprits. Le dieu créateur principal se nomme ici Make-Make. Deux principes surnaturels sont également présents dans cette culture. Le Mana, la force, anime chaque activité quotidienne. C’est un élément essentiel présent seulement chez les Ariki qui l’utilisent pour le bien de leur Mata. Le Tapu représente les frontières, l’interdit contenu grâce au Mana. Si quelqu’un l’enfreint, il sera la cible de lourdes peines, voir la mort. Par exemple, un lieu tapu sera les centres de cérémonies, Ariki Mau est tapu car il est un concentré pur de Mana, la nourriture dédiée au roi est tapu (les premières récoltes)…

Ahu est un centre cérémonial, essentiellement pour rendre hommage aux grands ancêtres des lignées. C’est une place rectangulaire avec une plateforme à une extrémité. La plateforme, plus que la place, est sacrée. Des dalles de pierre servaient de sièges aux chefs et prêtres et celles sur la plateforme aux ancêtres passés à qui on rend hommage. Il y a trois types de Ahu. Ahu Moai est le plus classique, composé d’une plateforme centrale où se tiennent les Moaïs coiffés de pukao (chapeau ou coiffure ?), d’allées pavées, d’une rampe d’accès, de la place où se tiennent les cérémonies, des crématoriums en arrière-plan, des stèles funéraires (époque tardive dans la culture), des petites huttes où les chefs et les prêtres pouvaient se reposer. Le Ahu semi-pyramidal est un tumulus funéraire collectif. Le Ahu Poe Poe ressemble à un bateau européen, également à des fins funéraires. Ces derniers sont construits après l’arrivée des Européens.

Vous l’attendiez, parlons des Moaïs. Ces géants de pierre représentent les ancêtres importants de chaque lignée. Ils étaient taillés dans les flans du volcan Rano Raraku. 887 Moaïs ont été recensés, 397 sont sur le site de la carrière, 288 sont sur des Ahu, 92 sont sur la route de Ahu. Les Moaïs étaient d’abord taillés à même la roche volcanique. Seule une partie fine restait accrochée à la montagne jusqu’à ce que la statue soit finie. Pour maintenir la statue, une corde est attachée au niveau du cou puis la fine attache de pierre est taillée. On relève la statue grâce à un petit fossé creusé au niveau des pieds et le dos pouvait être finalisé. En moyenne, un Moaï mesure 4,05m, pèse 12,5 tonnes et fait 5,96 m3.

Le plus dur reste de déplacer les statues jusqu’au Ahu. D’après les habitants, c’est grâce au Mana si ça a pu se faire. Diverses théories ont donc vu le jour. Une méthode consiste à tirer la statue sur le dos grâce à un traîneau de bois lubrifié à l’huile de patate douce. D’autres consistent à faire tituber la statue grâce à un système de cordes en V ou simplement de cordes autour de la tête et du bassin. À l’égyptienne, on place la statue sur un traîneau et des rondins de bois en-dessous… Rien n’est validé comme hypothèse principale.

Enfin, la grande cérémonie de la culture de Rapa Nui (en fin d’époque seulement) concerne le cycle de Tangata Manu, l’élection du nouveau roi. Une cérémonie avait lieu au niveau d’Orongo au sud de l’île. On y voit les îlots de Motu Kao Kao, Motu Iti et Motu Nui. Elle se passait tous les ans à partir du mois de juillet avec des préparations spécifiques. Les chefs des grandes lignées se rassemblaient avec leurs Hopu (représentants) qui feront la course à leur place. En août, les Hopu nageaient jusqu’à Motu Nui, défiant les courants et les requins, et attendaient le Manutara, l’oiseau migrateur qui venait nicher sur l’îlot. En septembre, les premiers œufs sont pondus et de là commence la course pour devenir le Tangata Manu, l’homme-oiseau. Il fallait ramener un œuf intact en haut de la falaise, au village d’Orongo.

Une fois le Tangata Manu « choisi », plusieurs rites et Tapu sont accomplis. Avant de repartir d’Orongo, on lui rasait la tête, les cils et les sourcils. Depuis le volcan Rano Kau, le Tangata Manu descend jusqu’à Mataveri (ville principale) en chantant et dansant pour montrer sa victoire. Il revoit sa famille et ses alliés une dernière fois avant de vivre reclus sur le volcan Rano Raraku ou vers Anakena jusqu’au cycle suivant. Sa seule compagnie sera un Ivi Atua, un grand prêtre. Les Tapu le concernant alors sont que personne ne pouvait l’approcher ou le voir, seul l’Ivi Atua pouvait le nourrir ou le laver, il ne pouvait se laver lui-même ou se couper les cheveux et les ongles. Certains chroniqueurs du XIXe siècle ayant observé la cérémonie ont pu observer des tensions suite à la désignation. Les autres lignées avaient du mal à se soumettre à un autre leader. Ceux qui ne contribuaient pas à nourrir le nouveau Tangata Manu étaient sévèrement punis.

Le culte du Tangata Manu a suivi la période de taille des Moaïs et a remplacé l’Ariki Mau à cause de conflits internes. Ainsi, toutes les Mata et pas seulement les Miru pouvaient accéder au pouvoir. Il se peut que cette cérémonie se faisait en parallèle et en petit comité du temps des Moaïs mais avec les changements sociaux du XVIIe siècle elle s’est imposée à tous comme nouveau système. Le côté divin du Tangata Manu vient d’une légende disant que le dieu Make-Make, dieu de la création et donc chef de tous, voyagerait depuis le Motu Motiro Hiva (l’îlot Sala et Gomez) sous forme d’oiseau migrateur pour pondre sur Motu Nui.

Toutes ces légendes ont pu être retranscrites grâce aux observateurs occidentaux qui sont venus sur l’île depuis sa « découverte » au XVIIIe siècle. Mais elles ont également été tracées à travers des pétroglyphes par les natifs de Rapa Nui. Malheureusement, à cause de conflits internes nombreux – et sans doute sanglants – beaucoup d’histoires et de savoirs-faire ont été perdus.

Cet article a pu être écrit grâce aux expositions des musées de l’Île de Pâques. Il s’agit d’une simple réécriture des explications données sur place. Ça nous permet d’introduire une partie de la culture de Rapa Nui à ceux qui ne la connaissaient pas. Beaucoup n’a pu être dit. Disons qu’il y a la base pour ceux qui voudront y aller et observer de leur propre regard.

Journal de séjour #153 – Visite de l’Île de Pâques

Journal de séjour #153 – Visite de l’Île de Pâques

C’est la journée de visite de l’Île de Pâques. Ça tombe bien, il doit faire beau aujourd’hui. Les autres jours ont été pluvieux dans l’ensemble. Nous nous levons bien avant l’aurore et partons en catimini. Nous démarrons la voiture et avançons dans l’allée. Nous nous arrêtons juste pour être sûrs que nous n’avons rien oublié. Nous ne voyons pas arriver un type bizarre encapuchonné. Le gars commence à baragouiner un truc à Will. Nous ne comprenons pas. Will fait mine de remonter dans la voiture en disant que nous devons y aller. Le gars se rapproche encore et tout ce que nous comprenons dans sa phrase c’est “cocaïna ». De suite, nous répondons “non, non » et le gars repart sans plus de questions. Nous filons vite fait. Heureusement, plus de peur que de mal. Au final, nous ne saurons jamais s’il en vendait ou s’il voulait acheter…

Nous partons donc dans la nuit vers la route de bord de mer. Bien sûr nous n’y voyons rien mais ça doit être joli. Peu à peu nous sommes rejoints par d’autres voitures, sur le même modèle que nous. Nous sommes sur la bonne route, ce sont tous les touristes qui ont eu le courage de se lever tôt. Nous suivons tous ensemble la longue route sinueuse en une joyeuse file. De la lumière commence à apparaître à l’horizon. Arrivés au parking, nous nous garons et nous nous avançons vers la ligne de moaïs. Heureusement que nous avons acheté nos tickets hier car des touristes se font refouler pour entrer “gratuitement » sur le site. Tous les autres forment une ligne face aux moaïs. Peu à peu le soleil apparait et nous laisse apprécier une vue sublime entre les moaïs et la mer en arrière-plan. Seul petit bémol, les nuages empêchent une visibilité bien nette. Mais c’est vraiment histoire de pinailler. C’est superbe !

Une fois le soleil levé, nous reprenons la voiture et allons au site juste derrière, dans la montagne. Il s’agit de la carrière où étaient sculptés les maoïs. La carrière n’ouvrant qu’à 9h30, nous avons une petite heure à tuer. Nous nous installons au café de la carrière pour le petit-déjeuner. Enfin le site ouvre et nous pouvons nous rendre sur les lieux, toujours en montrant le ticket. Celui-ci se fait tamponner et nous devons remplir tout un cahier pour dire qui nous sommes, où nous logeons, d’où on vient, etc. Après quelques recommandations d’usage (pour la sauvegarde des lieux), nous avançons vers la montagne. À gauche, nous pouvons aller jusqu’au cratère mais nous prenons à droite pour la carrière. Le sentier nous entraîne sur les flancs de la montagne et nous pouvons voir un très grand nombre de géants de pierre, dont certains couchés par le temps. L’un d’entre eux nous interpelle, il est sculpté en position agenouillée. Nous ne savons pas pourquoi. Les seules indications que l’on peut avoir serait par le biais d’un guide local. Il n’y a aucun panneau explicatif dans le site. Nous pouvons aussi voir des moaïs à moitié sculptés dans la paroi, à jamais inachevés.

Après une heure de déambulations, nous repartons vers un site à la pointe sud de l’île : Orongo. Au niveau du cratère d’un autre volcan, un ancien village est encore présent. Il s’agissait d’un lieu sacré, habité seulement à une certaine époque pour des rites précis et la compétition qui allait élire le roi de toute l’île. J’en reparlerai dans un autre article mais les peuples de l’Île de Pâques étaient unis par un seul homme, un roi qui changeait tous les ans à la suite d’une compétition type course d’obstacles. Ce village donne sur la falaise et de là il est possible de voir trois îlots importants pour la cérémonie dont le plus grand s’appelle Motu Nui. Juste une petite parenthèse pour dire que Motu Nui est le nom de l’île où vit Moana (alias Vaïana en France). Bref, rien à voir avec l’image donnée par Disney, c’est un roc aride où personne ne pouvait vivre. La visite est sympa mais on y vante un autre art que la sculpture de moaïs : les pétroglyphes. Des personnages de la mythologie locale ont été gravés sur des rochers alentours. Ils ont été tellement abîmés par le temps, la météo et les touristes qu’on ne peut presque plus les approcher et qu’on ne les voit que difficilement.

Voici Motu Nui l’île référence dans le dessin animé Moana (Vaiana pour les rebelles du slip)

Une pause déjeuner s’impose et nous repartons en ville. Au passage nous prenons une auto-stoppeuse qui s’avère être Française. Nous nous arrêtons en cours de route pour prendre une photo de la vue et en route pour la ville.

Nous déposons notre compatriote qui part en plongée et allons manger.

Nous commençons à fatiguer donc nous annulons la grimpette en haut du plus haut volcan de l’île. À la place nous allons voir une série de 7 moaïs placés différemment de tous les autres. Ils font face à la mer tandis que tous les autres sont tournés vers la terre. Ils rendent hommage aux premiers voyageurs, les Polynésiens, ayant acosté sur l’île. Tous les autres protègent les habitants à l’intérieur des terres.

Nous terminons avec la visite gratuite du musée où nous pouvons mieux retracer l’histoire et le quotidien de ce peuple.

Une fois tout cela fait, nous retournons en ville et rendons la voiture plus tôt. C’est presque l’heure où Lía termine sa première partie. Nous la rejoignons au restaurant et buvons un petit jus en attendant tout en profitant d’Internet, le seul point qui fonctionne sur l’Île de Pâques. Ayant tous terminés, nous partons vers le port pour une glace et une gaufre.

Il est de nouveau l’heure de travailler pour Lía, nous rentrons chez Maca. Nous lui racontons notre journée et nous reposons une petite heure avant de partir manger en ville avec elle. Les frites à partager sont un régal.

Quand nous avons fini, c’est au tour de Maca d’aller travailler. Nous l’accompagnons jusqu’au restaurant. Au passage nous entendons beaucoup de bruit en ville. En regardant de plus près, un bingo est organisé avec orchestre et barbecue. Puis nous rentrons à pieds, trop fatigués pour l’attendre. À la maison nous tombons sur Miguel et un de ses amis en petite fête improvisée. Nous goûtons une spécialité alcoolisée du Pérou, le pisco, et son petit goût de citron et de sucre nous convertit. Nous papotons un moment, au point que Maca rentre aussi. Nous nous coucherons à 1h du matin.