Journal de séjour #156 – Visite guidée de Santiago de Chile

Journal de séjour #156 – Visite guidée de Santiago de Chile

Nous avons découvert hier un flyer avec pour contenu une visite gratuite de la ville (avec si possible petit pourboire à la fin, à votre bon cœur Messieurs-dames). Santiag’Otop propose une visite pédestre en français pendant trois heures avec points culturels et historiques. Il suffit de se rendre au point de rendez-vous à 15h sans réservation. Autant profiter de la mâtinée pour planifier notre voyage dans le reste du Chili. Nous ne sortons qu’à 13h pour chercher un endroit pour nous restaurer. Nous approchons de la bibliothèque nationale où débutera la visite. Sur une place, nous trouvons un petit bistrot proposant des menus sympas et pas chers. Entrée, plat, dessert, seul le plat est au choix et on se régale. C’est un bon plan pour éviter la malbouffe à tous les repas.

Nous nous rendons alors devant la bibliothèque, nous avons une demie-heure devant nous. Nous voyons notre guide, Jonathan, un Chilien-Suisse qui a monté sa boite de visites de la ville à Valparaíso et maintenant à Santiago. Nous sommes bientôt rejoints par Vincent qui voyage depuis des années et est descendu des États-Unis en auto. À nous quatre nous ferons une belle visite.

Nous commençons par la colline Santa-Lucia où un reste de fort espagnol datant de la colonisation est encore visible. Cette colline a toujours eu un rôle militaire jusqu’à son réaménagement en jardins pour fêter le premier centenaire de l’indépendance. Aujourd’hui il est encore très agréable de s’y promener et un marché d’artisanat mapuche s’y est installé.

Une longue route longe la place. Elle remplace une ancienne rivière qui était la limite sud de la ville pendant longtemps au début de son développement. Nous avançons ensuite vers une grande rue piétonne. Elle a été construite sur une ancienne route inca. Aujourd’hui on y trouve de nombreuses animations et stands de vente de rue. Ces derniers étant illégaux, les vendeurs remballent et décampent dès qu’un policier arrive. Alors que nous passons, la rue est plutôt calme à cause de la police montée stationnée non loin.

Nous continuons jusqu’à l’ancien quartier économique de la ville en passant par la rue Nueva-York. On y trouve l’ancienne bourse et le premier gratte-ciel de la ville, datant du début XXe.

Nous revenons sur la grande avenue et passons devant l’université de Santiago. C’est un lieu important car beaucoup de manifestations y prennent place. La plupart du temps cela touche le milieu estudiantin. Depuis la dictature de Pinochet, les institutions sont généralement privatisées. Bien que la dictature ait pris fin, la Constitution de l’époque est toujours d’actualité. L’éducation n’échappe pas à la règle et les universités sont parmi les plus chères de toute l’Amérique du Sud, surtout comparé au Smic local. Les étudiants s’insurgent régulièrement contre le coût de cette éducation. La place est donc connue pour ses manifestations. Dernièrement il y a eu des mouvements à cause de la décision de la présidente chilienne d’autoriser l’avortement en cas de viol ou de mise en danger de la mère ou de l’enfant.

Nous avançons vers le palais présidentiel, appelé La Moneda. Il s’agissait de l’ancienne fonderie où étaient coulées les pièces de monnaie. En-dessous il y a tout un centre culturel, une médiathèque et des salles d’exposition. Nous passons devant la porte où le président Allende est entré dans le palais pour la dernière fois vivant. Étant le premier président socialiste et élu par-dessus le marché, ça n’a pas plu à certaines personnes. Ça s’est fini avec un coup d’état et le président Allende a dû combattre l’armée avec seulement une vingtaine d’hommes. L’assaut du palais a duré 6 heures, avec bombardement et tout. Ça se finira avec la mort du président, officiellement un suicide… Pinochet est l’homme qui prit le pouvoir par la suite, sous l’influence des États-Unis. La dictature instaurée par la suite n’est pas toujours reconnue comme telle aujourd’hui. Notamment parce qu’aucun jugement n’a été apporté et que Pinochet n’a pas été inquiété après sa destitution. Il est mort très naturellement chez lui. Ce qui fait que la Constitution n’a jamais été changée non plus.

La porte par laquelle Allende est passé vivant pour la dernière fois.

Alors que nous remontons vers la place des armes par une autre avenue piétonne, nous passons devant un café particulier. Si vous demandez un cafe de las piernas, on vous emmènera dans un établissement particulier, aux vitres teintées et aux employées à demi-dénudées. Will a bien sûr voulu essayer mais je suis rabat-joie, je l’en ai empêché.

William : Pour ma défense, je voulais juste prendre un café.

La plaza de armas ou place des armes était le centre de toute colonie lors de l’arrivée des Espagnols. On y trouve la cathédrale, le musée d’histoire et la première poste. Surtout, deux sculptures y sont présentes. L’une rend hommage au peuple mapuche, très peu arrivent à y voir un hommage, l’autre au conquistador qui a voulu régner sur le Chili, Pedro de Valdivia. Il n’y est jamais parvenu car les indigènes, le peuple mapuche, l’ont farouchement repoussé. Pendant 300 ans, les Mapuches, rompus aux combats contre les Incas, ont repoussé les attaques espagnoles. Ce qui explique que Santiago se soit développée sur le tard. Notre conquistador semble imposant sur son cheval qui représente le Chili. En vérité, ce cheval est indompté. Il ne porte pas les rênes et regarde dans une direction opposée à son cavalier. Ayant la patte avant levée, il indique la mort au combat de Pedro de Valdivia.

En vérité, il a été assassiné du genre Jules César. Les Mapuches ne sont pas organisés comme les Incas : il n’y a pas un seul empereur à la tête de tout le peuple, mais des chefs de clan un peu partout. Coupez une tête et des dizaines d’autres pousseront derrière. Pedro de Valdivia a alors eu l’idée du siècle. Partout il enleva des enfants mapuches pour les changer en parfaits soldats espagnols. L’un d’eux, Lautaro, a tout appris puis s’est enfui et a retransmis tout ce qu’il savait à son peuple. C’est lui qui assassina le conquistador qui a pu penser “Tu quoque mi fili » (dernières paroles de Jules César : “toi aussi mon fils »).

Nous continuons la visite jusqu’au marché. Comme il ouvre tôt, il ferme aussi tôt (17h). Nous le traversons rapidement avant d’arriver au niveau du fleuve. C’était l’autre limite de la ville avant qu’elle ne se développe beaucoup plus.

Le jardin Parque de los Reyes s’est développé tout le long et nous trouvons aussi le musée des beaux-arts. Une sculpture de sable est en cours de construction. Nous y faisons notre photo de groupe.

Nous descendons une rue et pouvons admirer l’œuvre d’un artiste de rue reconnu, Inti. Il a représenté deux personnages d’abondance du monde moderne. Comme ce sont des œuvres commandées par l’État, certains puristes du milieu ne les acceptent pas, d’où certaines attaques à la peinture.

Nous continuons par un autre quartier, quartier bobo. On y trouve de jolis trompe-l’œil et l’architecture y est intéressante.

Nous finirons au centre culturel Gabriella Mistral. Cette ancienne poétesse, inscrite au panthéon des prix Nobel, a été oubliée pendant la dictature. Ce centre culturel lui rend hommage.

Nous remercions beaucoup Jonathan pour cette superbe visite. Nous comprenons mieux l’histoire du pays et apprécions d’autant plus sa capitale. Après lui avoir dit au revoir, nous restons avec Vincent pour manger une crêpe à une adresse donnée par notre guide un peu plus tôt. Un vrai régal.

C’est agréable de parler avec Vincent et nous faisons encore un bout de chemin ensemble avant de rejoindre nos pénates respectives. Nous prendrons des espèces de chaussons à la boulangerie avant de rentrer.

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