Journal de séjour #79 – Train de bambou et chauves-souris à Battambang

Journal de séjour #79 – Train de bambou et chauves-souris à Battambang

Les alentours de Battambang sont au programme du jour. Nous avons rendez-vous à 9h avec Ry, notre chauffeur de tuck-tuck. Nous prenons le temps de prendre le petit-déjeuner dans un café proche. Le Hoc est une association pour les orphelins. Ils grandissent dans une ferme et la production de celle-ci est utilisée dans le café-restaurant. Les plus grands travaillent au restaurant. Le petit-déjeuner est présenté sous forme de petit buffet où tout semble fait maison (pain, yaourt, bananes et même du poisson…) C’est très sympa et très bon.


Nous retrouvons Ry devant l’auberge et décidons de partir un peu plus tôt. Tout d’abord il nous fait faire un petit tour de la ville et des bâtiments datant de la colonisation française. Nous nous arrêtons devant la résidence royale et en apprenons un peu plus sur les photos placardées. On trouve l’ancien roi, décédé il y a 5 ans, sa femme et le nouveau roi, toujours célibataire à ce jour. Ce qui fait un peu tiquer notre guide, c’est que la reine est Vietnamienne. Il ne veut (peut) pas en dire plus mais en recoupant avec ce que nous avait dit Thomas à Kampong Cham, nous comprenons que les Vietnamiens ne seraient pas appréciés et auraient une légitimité à coloniser officieusement le pays…


Nous visitons également un temple dont l’architecture est thaïe et non pas khmère. On peut voir la différence sur les couleurs et les formes des garudas et nagas. On apprend aussi à quoi servent les stupas. Ce sont les tombes bouddhistes. On y place les ossements des défunts. Une stupa peut servir à une personne ou comme caveau de famille. Malheureusement les plus pauvres n’ont droit qu’à la fosse commune à l’intérieur du temple.
Nous comprenons un peu mieux la vie de moine aussi. Les garçons les plus pauvres choisissent souvent ce mode de vie très dur pour avoir de l’instruction. À raison de deux repas par jour et des obligations monadiques, ils vont à l’école et apprennent jusqu’à 3 langues différentes. Une fois instruits, ils peuvent arrêter leur vie de moine et chercher un emploi.


Parmi d’autres endroits, nous passons devant une statue de Naga, dite de la paix. Elle a été érigée à la place d’une autre statue datant de la guerre civile et du régime de Pol Pot. Nous sortons presque de la ville et nous arrêtons devant un Bouddha noir à l’origine du nom de la ville. Beaucoup viennent y prier pour toute raison possible et imaginable.


L’arrêt suivant est en pleine cambrousse, il s’agit d’un train en bambou. Construit pendant la période coloniale, il servait à acheminer la production des champs vers la ville et le marché. Puis les touristes ont adoré le système et c’est devenu une attraction. C’est très sympa et drôle à faire, ça ne va pas très vite mais ça reste impressionnant. C’est juste une plaque de bambous reliée à quatre roues et propulsée par un moteur. Les sièges sont deux coussins. On ne s’accroche à rien et aucune ceinture de sécurité. Il faut juste apprécier la balade à travers champs en ne regardant pas les rails qui ne semblent pas très droits (ça se sent un peu d’ailleurs). Le chemin lui est en ligne droite, pas de virage ou de looping. Un peu cahoteux, ça reste une bonne expérience.

Il n’y a qu’un seul chemin aller-retour. Nous avons souvent croisé des groupes qui allaient en sens inverse. Ils attendent sur le bas côté, leur wagon ayant été démonté. Dès que nous sommes passés, notre chauffeur nous arrête pour donner un coup de main à son collègue. Ils remontent le chariot vite fait et chacun reprend sa route.


Nous arrivons après un long trajet dans un petit village qui n’est autre qu’une succession de petites boutiques le long du rail. Des enfants font aussi du commerce, on est habitués maintenant. Au bout du village, une dame super gentille nous accoste pour qu’on vienne dans sa boutique. Elle est comme toutes les autres mais Will se prend d’amitié pour elle. Nous y prenons une boisson et la dame s’installe avec nous. Elle ne parle pas anglais mais en baragouinant un peu nous arrivons à rire. Elle prend Will en pitié à cause d’un hoquet persistant, elle va même pour lui offrir une bouteille d’eau. Après ce petit moment, nous repartons. La pluie commence à tomber d’ailleurs. À l’autre bout, on nous demande de penser au chauffeur du wagon endiablé, petit bakchich oblige. Nous retrouvons Ry et partons pour une nouvelle visite.


Il en profite pour nous montrer pleins de coins de campagne sympa, un village de pêcheurs musulman, des temples. Il nous montre plusieurs plantes comestibles en route. Il semble que les Cambodgiens mangent de tout, même des chiens, des chats, des rats… Pendant la guerre civile, la population a dû se résoudre à goûter tout ce qu’elle trouvait sur la route. Allant jusqu’à manger des grenouilles crues pour qu’aucune odeur de cuisson n’éveille les soupçons des Khmers rouges. Autrement ils pouvaient accuser le fautif d’avoir voulu voler le pays et c’était la prison assurée.

Sur une note plus joyeuse, Ry nous fait goûter un gâteau de riz cuit dans du bambou. La meilleure invention de l’année à mon sens. Le bambou sert à tout et notamment comme plat. On y insère le riz gluant avec des haricots rouge et du lait de coco. On laisse cuire le bambou pendant 3 heures et tada on obtient un gâteau savoureux et consistant.


Alors que nous grignotons notre gourmandise, nous observons de grandes chauves-souris frugivores. En plein midi, elles font la sieste à l’ombre des arbres mais nous pouvons voir pointer leurs têtes rousses de temps en temps. Aujourd’hui protégées, elles étaient aussi un plat de choix pour la population khmère.


Nous nous arrêtons au niveau de vestiges angkoriens, Wat Banan, pour déjeuner. Un petit plat de riz, du bœuf et de l’ananas en prime pour Will. Ry nous fait goûter un énième fruit du pays, très sucré.

Pendant qu’il fait sa sieste, nous grimpons les 350 marches qui nous séparent des vestiges. Ce sont 5 tours sur le modèle d’Angkor qui surplombent la vallée. L’endroit a son charme. Nous rencontrons 3 Français qui demandaient à connaître le barattage de lait que n’expliquait pas leur guide papier. Nous discutons un moment avant de redescendre.

La dernière étape de la journée se trouve aussi en hauteur. La montagne Phnom Kdong est truffée de grottes qui ont servi comme lieu d’exécution pendant la guerre civile. Aujourd’hui c’est le point d’envol de milliers de chauves-souris. Le trajet se fait à travers les rizières. Des nuages lourds de pluie s’amoncellent autour de la montagne. Heureusement le temps d’y arriver ils se sont décalés un peu.

Entre la montée vers les killing caves et le temps incertain nous décidons de nous faire monter à moto. N’étant pas rassurée par l’engin (pure inquiétude naturelle) et vue la montée, je m’accroche de toutes mes forces à la selle. Will relativise un peu plus. Au niveau des grottes, nous n’avons pas le temps d’avancer qu’un gamin nous fait la visite (texte appris par cœur). C’est vite fait d’un autre côté. Nous dépassons un temple pour voir une représentation des tortures possiblement infligées. Les statues sont vraiment horribles (pas pris de photo pour la peine). Puis nous arrivons à un escalier. Sur la gauche, une ouverture dans le vide laisse présager une belle chute. Bien vu, ils y jetaient les bébés et les enfants. En descendant l’escalier nous arrivons au point de chute et il est évident que personne n’en réchappait. Comme c’est très sombre nous ne voyons pas grand chose. Il y a juste un Bouddha pour prier les victimes et deux autels pour les ossements et les vêtements.

Nous repartons pour la suite. Un petit bakchich pour notre “guide” (il ne connaît rien d’autre que son texte). De nouveau les motos pour monter encore vers un temple à flan de montagne. Nous l’avions aperçu depuis la route. Des singes s’y promènent. Nous croisons nos trois compatriotes avec qui nous partageons quelques impressions. Malheureusement nous n’avons pas vu le chemin menant effectivement au temple. Nous avons apprécié la vue sur les champs depuis une stupa.

 

Nous faisons vite le tour et redescendons à moto vers la buvette où nous attend Ry. Nous nous installons en attendant le coucher du soleil et la sortie des dames de la nuit. Alors que le ciel s’assombrit, une flopée de petites chauves-souris insectivores s’échappe de la montagne et provoque un fleuve aérien de petits points noirs. Elles filent vers les campagnes pour se nourrir en un flot discontinu. Cela peut durer plus d’une heure. Une sortie de l’autre côté de la montagne en laisserait s’échapper sans discontinuer pendant deux heures. Au bout d’un moment nous profitons que tout le monde soit encore subjugué pour partir en tuck-tuck. Ry nous arrête en bord de champs et nous pouvons encore mieux apprécier le spectacle. Elles volent juste au-dessus de nos têtes.

Nous terminons la journée en retournant à Battambang et en réservant la mâtinée du lendemain pour le nord de la ville cette fois. Nous retournons manger au Hoc qui nous plaît bien avant de profiter d’une nuit de sommeil bien méritée.

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