Journal de séjour #176 : Le musée de la Moneda à Potosí

Journal de séjour #176 : Le musée de la Moneda à Potosí

Pour cette journée, nous nous levons tôt pour les visites à Potosi et surtout pour le petit-déjeuner qui n’est plus servi après 9h30. C’est assez frugal d’ailleurs. Nous prenons nos affaires et allons à La Moneda, la visite historique de Potosí. Sur place, nous prenons nos tickets et on nous indique que le prochain guide français est à 10h30. Il nous reste 1h, autant en profiter pour faire un tour dans la vieille ville. Nous poussons jusqu’au marché mais en ce dimanche matin, il n’y a pas grand monde.

Nous continuons notre balade et passons devant les petits stands de rue. Nous nous dirigeons vers le couvent pour nous renseigner sur les horaires de visite. Ça tombe bien, il n’est ouvert que l’après-midi le dimanche. Nous verrons si l’envie nous prend d’y faire un tour.
Nous retournons patienter dans le hall de La Moneda. La visite va bientôt commencer. Malheureusement il faut payer un supplément pour les photos. Pis encore pour des vidéos. Bref, vous n’aurez que le récapitulatif de la visite.

Potosí est bâtie dans une région montagneuse. Les Incas du coin avaient remarqué des gisements d’argent non loin. Pas de chance, chaque fois qu’ils ont voulu en extraire, le volcan le plus proche se mettait à gronder. Ils en ont conclu que la Terre Mère, Pachamama, ne voulait pas de ça ici. La montagne est devenue sacrée. Puis les Espagnols sont arrivés et ont essayé de trouver cette montagne sacrée d’après les indications des Incas. Ils ne trouvèrent au début que quelques gisements. Pendant ce temps, un Inca rendu sur la montagne pour quelque affaire se trouva bloqué là-haut car ses lamas lui ont fait faux-bond. Il fit un feu pour la nuit. L’argent présent à la surface de la montagne s’est mis à briller sous cette lumière. Ainsi, les Espagnols trouvèrent le bon coin où creuser. Les gisements sont tellement riches que le roi d’Espagne ordonne qu’une fonderie monétaire soit construite à Potosí. Elle datait du XVIe siècle et ce n’est pas celle-là que nous visitons aujourd’hui.
Par la suite l’extraction allant bon train, une nouvelle fonderie fut construite, bien plus grande et plus moderne. Il en sortait tellement de monnaie que Potosí approvisionnait depuis les États-Unis jusqu’en Espagne. Le réal était à l’époque ce que le dollar est aujourd’hui : une devise internationale.
Le musée aujourd’hui permet de connaître tous ces détails historiques et la façon dont les pièces ont été fabriquées. La Moneda est un bâtiment extrêmement grand. Il est composé de cinq cours aux utilisations diverses. Outre les fonderies et les bureaux des artisans, on y trouvait tout un complexe administratif et les appartements des fonctionnaires. Ces salles permettent maintenant d’exposer un certain nombre d’oeuvres boliviennes. La plupart ne sont pas signées, soit que le sujet fut religieux et donc l’artiste n’en attendait pas la gloire, soit qu’elles aient été peintes par des Incas analphabètes. Ou à qui on n’a pas donné l’occasion de signer.
L’une des oeuvres significatives est la Vierge à la montagne. Elle raconte bien l’histoire de Potosí d’une part. D’autre part, elle est une bonne représentation de la façon dont les Espagnols ont converti les Incas de la région. La Vierge est représentée d’après un texte de Saint-Jean avec un soleil au niveau de sa tête et une lune à ses pieds. Il n’en fallait pas plus aux Incas pour faire le rapprochement avec la Pachamama sous forme de montagne et les divinités du soleil et de la lune.

Source : otourdumonde.wordpress.com

Nous continuons ensuite avec la salle des machines. Au départ, les pièces étaient frappées au marteau sur de petits établis. Les lingots d’argent devaient être applatis au marteau également. Pour accélérer la manoeuvre, le roi d’Espagne fit envoyer une machine à Potosí. D’autres ont été fabriquées sur le même modèles. Des rouages immenses prenaient sur un étage. En-dessous, des mûles actionnaient la machine, au-dessus, la presse entrait en action pour affiner le lingot en une plaque mince. Puis une presse manuelle permettait la création des pièces.
Autour de la dernière cour, les forges s’actionnaient sans discontinuer. Alors que la création et la frappe des pièces étaient faites par des employés, les forges étaient actionnées par des esclaves noirs dans un premier temps puis par des prisonniers indigènes et espagnols. Plus habitués au climat, ils mourraient moins vite… Les minéraux arrivaient par blocs (en forme d’ananas) et étaient fondus en lingots. Avant et après chaque étape de la création des pièces, on pesait la quantité d’argent obtenue après transformation pour s’assurer qu’il n’y ait pas de vol. On peut aussi observer quelques coffres aux systèmes de protection assez ingénieux.
Une petite parenthèse nous amène à une forge réhabilitée en chapelle. De nombreuses églises ont été construites à Potosí. Plusieurs ont dû fermer et leurs collections ont été récupérées en partie par le musée. On y trouve notamment des momies de bébés qui ont été retrouvées dans un des murs d’une église. C’était d’usage à l’époque et avec le climat les corps se sont momifiés.
Outre une collection d’objets du quotidien en argent, nous finissons la visite avec les machines plus modernes : à vapeur, puis électriques. Malgré les avancées technologiques, La Moneda ferme ses portes. Les pièces étant maintenant en étain et la Bolivie ne bénéficiant pas de ce minerai au naturel, les pièces sont maintenant fabriquées au Canada et au Chili. C’est d’abord en Espagne que les nouvelles pièces furent fabriquées. Puis le Canada proposa un service moins cher, suivi du Chili. Le contrat avec le Canada n’est pas tout à fait fini, seules les pièces de 5 bolivianos y sont fabriquées. Quant au Chili, les relations diplomatiques ne sont pas au beau fixe. Ça risque de changer à nouveau.
La visite de La Moneda vaut vraiment le détour. On regretterait presque de ne pas rester suffisamment longtemps pour visiter les mines. Nous finissons à temps la visite pour aller manger. Nous retournons à notre restaurant d’hier et c’est toujours un régal. Nous y retrouvons même un couple de Français qui a fait la visite avec nous. Nous échangeons quelques informations touristiques avant de repartir. La fatigue due à l’altitude nous ramène à nos pénates où nous avançons le boulot pour l’après-midi. Le soir nous nous réconfortons avec une pizza.

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