Cité Interdite et Palais d’été – histoire

Cité Interdite et Palais d’été – histoire

Parmi les merveilles de Pékin, la Cité Interdite en reste la maîtresse incontestée. Symbole de la force des empereurs passés, elle reste aujourd’hui un des hauts-lieux touristique de la Chine. Deux dynasties y ont régné : les Ming (1368-1644) et les Qing (1644-1911). Sa construction a commencé en 1407, 5e année de règne de l’empereur Yongle, et s’est terminée en 1420. Sur les 780000m² qu’occupe le palais, les bâtiments n’en occupent que 167000m². On y compte 8700 pièces, entourées de murs de 10 mètres de haut et de douves de 52 mètres de profondeur. Deux parties sont bien distinctes dans le palais : la cour extérieure où l’empereur célébrait les grandes cérémonies et la cour intérieure consacrée à la vie de famille et aux affaires quotidiennes. Dans une annexe à l’est, nous retrouvons les appartements des princes et le palais de retraite de l’empereur une fois déchargé de ses fonctions. L’annexe à l’ouest est réservée à l’impératrice douairière. En tout, 24 empereurs y ont séjourné. Lorsque la Révolution Xinhai a destitué les Qing de la royauté en 1911, le palais perdit son sens en tant que symbole de pouvoir. Le dernier empereur Puyi et sa famille continuèrent de vivre dans la cour intérieure. La cour extérieur a été transformée en musée et ouverte au public en 1914. En 1924 l’empereur déménage et en 1925 c’est la cour intérieure qui se transforme en musée. C’est en 1987 que la Cité Interdite intègre le patrimoine mondial de l’Unesco. Ce qui suit est donc la porte d’entrée vers la cour intérieure, elle se trouve bien après la porte qui donne sur Tien An Men.

Avant d’arriver jusqu’aux pièces principales de la cour intérieure, il faut encore atteindre la Porte de l’Harmonie suprême. Pour cela, nous traversons un petit pont.

Tout ce chemin pour arriver au Hall de l’Harmonie suprême, autrement dit la salle des grandes cérémonies en tout genre. Construite en 1420, elle portait le nom de Hall des Cieux vénérés. En 1562, pendant le règne de l’empereur Jiajing, elle fut rebaptisée Hall de la Suprématie impériale et en 1645, elle prend son nom actuel sous la houlette de l’empereur Shunzhi. Il s’est inspiré d’un ancien livre de divination (Livre des Changements) se référant à l’harmonieuse coexistence de tous les êtres dans les cieux et sur la terre. Parmi les célébrations qui s’y tenaient, on trouve la nouvelle année, le solstice d’hiver, l’anniversaire de l’empereur, les couronnements, les mariages impériaux, les annonces des nouveaux diplômés et les annonces militaires majeures. Pour l’architecture, le Hall se tient sur trois terrasses de marbre, atteignant 26,92 mètres de haut et s’étalant sur 2377m². D’un point de vue décoratif, c’est le plus chargé en motifs. Un trône laqué en or aux motifs de dragons se tient en son centre. Six colonnes l’entourent, chacune surmontée d’un dragon d’or. Un dernier dragon se tient au plafond, une perle entre les crocs. Il a dû être reconstruit plusieurs fois à cause d’incendies, cette version date quand même de 1695.

En parlant d’incendies, petit aparté pour vous montrer le moyen de contrer cette calamité à l’époque. Remplies d’eau chaque année, de grandes vasques de fer étaient disséminés à travers tout le palais. Elles étaient enveloppées dans du coton et recouverte d’un couvercle contre l’évaporation. Un feu pouvait être allumé en dessous pour éviter le gel. Celles datant de la dynastie Ming sont reconnaissables pour leurs anneaux sur les côtés et une forme plus évasée en haut, celles de la dynastie Qing par des masques d’animaux en décoration et une partie plus serrée en son centre. Il en reste 308 à ce jour.

Le Hall de l’Harmonie centrale servait à l’empereur pour recevoir les hommages des officiels en charge de préparer les cérémonies. Cela se passait avant d’entrer dans le Hall de l’Harmonie suprême. Bâti en 1420, il fut baptisé le Hall de la splendide Canopée, puis en 1562 ce fut le Hall de la Suprématie centrale et nous connaissons la suite en 1645. Cela vient du Livre des Rites cette fois, en référence à une conduite impartiale et juste à garder dans chaque situation. La veille de chaque sacrifice, l’empereur répète les gestes et les rites.

Enfin, le Hall de l’Harmonie préservée se tient juste derrière. Terminé également en 1420, Ce fut d’abord le Hall de la Conduite scrupuleuse, puis le Hall de la Suprématie établie. Pour son nom actuel, on reprend le Livre des Changements pour simplement référer au maintien de l’harmonie entre chaque chose. Les empereurs de la dynastie Ming s’y changeaient avant les grandes cérémonies. Les empereurs Qing y servaient des banquets pour les grandes occasions. Deux empereurs ont dû en faire leur quartier au moment de la rénovation des bâtiments de la cour intérieure au début de l’ère Qing : Shunzhi et Kangxi. Le premier dut même y faire son mariage. (Pas de photo malheureusement, trop de monde.) Il est temps d’aller vers la cour intérieure.

Premier arrêt au Palais de la Pureté céleste. Il a été rebâti en 1798. Jusqu’en 1722, il servait comme résidence où les empereurs vivaient et réglaient leurs affaires. L’empereur Yongzheng changea sa chambre à coucher vers le Hall de l’Élévation mentale (j’adore les traductions de traduction). Mais son successeur l’empereur Qianlong rétablit la tradition. C’était également l’endroit où l’on entreposait dans un premier temps le cercueil de l’empereur car il devait « finir ses jours dans sa chambre ». Derrière le trône, une boîte contenait le nom du successeur à la couronne. L’empereur le choisissait en secret, écrivait son nom pour le placer dans la boîte et à sa mort le nom était découvert par tous.

Le Hall de l’Union, précédemment appelé le Hall de la Perfection centrale, a gardé son nom depuis 1535. Toujours d’après le Livre des Changements, cela reprend l’union des cieux et de la terre entre le yin et le yang. Cette salle est idéalement placée entre le Palais de la Pureté céleste et le Palais de la Tranquillité terrestre. La décoration est proche du Hall de l’Harmonie centrale. A gauche, on peut y retrouver un clepsydre (une horloge à eau) et à droite une horloge à cloche. Pendant la dynastie Qing, les impératrices y recevaient des hommages pour leurs anniversaires, le premier jour de la nouvelle année lunaire et au solstice d’hiver. En 1738, cette salle a même servi d’entrepôt aux 25 sceaux impériaux qui représentaient le pouvoir.

Enfin, le Palais de la Tranquillité céleste servait de résidence aux impératrices de la dynastie Ming, en réponse au Palais de la Pureté céleste, résidence des empereurs. Il est dit que les cieux représentent la sagesse noble et la terre l’indulgence. Il a été rebâti en 1655 en imitant le Palais de la pure Tranquillité de Shenyang. Il est décoré à la mode Mandchoue. Les allées du côté est ont servi de chambre maritale et certains empereur y ont célébré leurs mariages. Les allées de l’ouest servaient à des sacrifices chamaniques. (Pas de photo à nouveau, trop de monde).

Nous terminons avec un magnifique jardin où se tient le Hall de la Paix impériale. En 1535 il est séparé du reste du palais par de hauts murs. Il servait plutôt de lieu de culte et longtemps ce sont des eunuques taoïstes qui entretenaient les lieux.

C’était la visite courte de la Cité Interdite. Sincèrement il faudrait une journée entière pour visiter l’ensemble des bâtiments sur les côtés qui renferment sans doute des expositions. Petite photo de la vue en sortant du palais par le nord, il y a encore un grand espace à visiter par là.

Passons maintenant au Palais d’été qui est plus un jardin qu’autre chose. Un petit jardin sur 290 hectares… Il est ceint de deux collines : la Colline de l’Ouest et la Colline du Printemps de Jade. Au nord, la Colline de la Longévité abrite des palais et des temples au cœur d’une forêt de pins et cyprès. Le palais est constitué de salles, pavillons, corridors et de tours, décorés de pierres fines et de sculptures de bronze. La Tour de l’Encens bouddhiste (ou de la Rage bouddhiste, je ne sais quelle traduction adopter, la deuxième est plus drôle avouez) se tient haut sur la colline et fait face au lac Kunming. Ce lac couvre d’ailleurs les trois-quarts du Palais et comporte une allée imitant Su Dyke à Hangzhou et trois îles reprenant les trois îles célestes dans la Mer de Chine.

Nommé à l’origine le Jardin aux claires Ondulations, le Palais d’été a été construit par l’empereur Qianlong en 1750 pour l’anniversaire de sa mère (joli cadeau). Ça n’est que plus tard qu’il a été utilisé comme lieu de villégiature pour les empereurs et impératrices. En 1860, il fut brûlé par les Forces Alliées Franco-anglaises (ce moment où tu as honte de ton passé). L’impératrice douairière Cixi utilisa les fonds de la marine pour le rebâtir en 1886. Rebelote en 1900 avec les Forces Alliées des Huit Pouvoirs, reconstruction en 1902. Ce n’est qu’en 1924 qu’il est ouvert au public qui n’avait jamais pu le voir avant. L’Unesco mit la main dessus en 1998.

Après les portails d’entrée, on trouve le Hall de la Bienveillance et de la Longévité où l’impératrice Cixi (oui ça se prononce presque comme une certaine altesse austro-hongroise) et l’empereur Guangxu tenaient leur cour et s’occupaient des affaires d’état. Le dragon représente l’empereur, le phénix l’impératrice.

En bifurquant à gauche, on peut trouver le Pavillon du Printemps annoncé. Rien de spécial mais c’est super joli. Dix ans après je retrouve un calligraphe d’eau au même endroit. Il s’agit d’un bonhomme muni de pinceaux géants reliés à des bouteilles d’eau et s’exerçant à la calligraphie ou au dessin sur les pavés. C’est juste énorme !

En suivant le bord du lac sur la droite, on trouve plusieurs halls ayant servis aux appartements de l’impératrice Cixi.

On entre ensuite par la Porte de la Lune pour traverser le Long Couloir. 738 mètres de long, 14000 peintures au plafond, il porte bien son nom.

Plus haut, nous pouvons apercevoir la Tour de la Fragrance du Bouddha.

Le couloir se termine sur le bateau de pierre, construit comme symbole de la force de l’empire.

Voilà le parcours en 1h30 en profitant du paysage. Il faudrait encore une journée pour tout voir et apprécier au mieux ce lieu magnifique qu’est le Palais d’été.

4 réactions au sujet de « Cité Interdite et Palais d’été – histoire »

  1. 13 ans pour construire cette immensité, et creuser les douves,
    est-ce possible? Difficile d’imaginer l’armée d’ouvriers qui ont dû travailler là, tous en même temps. Bon, en même temps, c’est la Chine…

    1. Oui, après pour les dates je réutilise les panneaux d’informations dans la Cité et les Chinois ont l’air d’adorer l’emphase. D’un autre côté, ils ont peut-être renforcer les défenses et les douves avec le temps. Et comme tu dis, c’est la Chine ! Même aujourd’hui ils construisent des immeubles de 40 étages en un rien de temps.

  2. Superbes photos, comme d’habitude, et vous êtes trop choux dessus 🙂
    Les couleurs sont encore très vives : y a-t-il un travail d’entretien ou de rénovation effectué régulièrement, ou est-ce que les peintures sont de bonne qualité de base ?

    1. Les bâtiments datent un peu mais je ne crois pas que la peinture soit d’origine. Je ne suis pas sure de ce que j’avance mais si c’était le même type de peinture qu’en Corée du Sud, alors celles de base ont pu tenir plusieurs décennies (peut-être même un siècle). Mais avec l’avancée des peintures modernes, celles-ci ne tiennent plus que quelques années 🙂 Et puis vu l’argent qu’ils se font avec les billets d’entrée, c’est pas un coup de peinture de temps en temps qui va les ruiner.

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