Journal de séjour #11 – Une escapade au sommet

Journal de séjour #11 – Une escapade au sommet

Pour les envies de grand air, le mont Hallasan est tout indiqué. Après avoir retrouvé nos compatriotes de la veille, nous cherchons sur leur guide le chemin le plus facile à parcourir jusqu’au sommet. Il existe plusieurs sentiers mais 2 seulement pour atteindre le cratère. Nous prenons le premier taxi venu et 20 minutes plus tard nous sommes à l’est de la montagne, face au chemin forestier.


Ça va être long. Pourtant il faut nous hâter car à partir de 13h le cratère n’est plus accessible depuis le dernier check-point. Il est aussi demandé de dégager les lieux à partir de 14h30. D’ailleurs après 17h il n’y a plus ni taxi ni bus. Ça semble tôt mais dites-vous que les amplitudes horaires du soleil ne sont pas les mêmes ici. On ne se dit pas “il va faire jour de plus en plus tard” mais “il va faire jour de plus en plus tôt”. Actuellement à 19h le soleil se couche. Par contre à 5h (du matin) c’est presque plein jour.
Nous commençons l’ascension tout guillerets. Une bonne partie est classée comme facile, puis nous entamerons la partie moyenne et seulement sur la fin la partie difficile. La seule recommandation, à part les horaires, est de faire attention aux sangliers. Mais que peut-il arriver sur un sentier hautement fréquenté ?
La partie facile porte bien son nom. Nous alternons entre des portions en pierre naturelle genre gravillons et des portions de plancher. Ça grimpe mais pas trop non plus. Malgré le soleil, l’air est agréable, nous sommes entourés de verdure. Un peu sèche d’ailleurs, le ruisseau aussi. On profite quand même de la quiétude des sous-bois, des oiseaux qui chantent et des corbeaux qui croassent. C’est beau mais on se dépêche un peu à cause du timing.


Nous atteignons le premier check-point, puis le second… ça grimpe un peu plus déjà. La pierre se fait plus grossière et le sentier devient presque un escalier naturel. Ce qu’il va devenir d’ailleurs dès le second check-point. Ça commence à se sentir dans les pieds et les pauses se font plus fréquentes. Nos collègues, plus agiles, nous dépassent. Nous les reverrons peut-être au sommet. En plus du côté ascensionnel de notre situation, il faut composer avec ceux qui descendent. Vu l’heure, ils devaient y être depuis 7h ce matin pour redescendre maintenant. D’un autre côté, on se fait dépasser par des randonneurs ultra-équipés, surtout de bâtons de marche, et de sexagénaires qui encouragent Will qui peine un peu. Ceux qui descendent ont la délicatesse de nous souhaiter “good luck” (bonne chance).


L’heure avance et nous voyons la végétation se clairsemer. On commence même à apercevoir des buissons floraux très mignons. Et enfin le dernier check-point. Pause repas rapide pour continuer l’ascension. Toujours montre en main, on n’est malheureusement pas en avance. Nous aurions dû partir à 8h… Surtout que c’est la partie difficile qui s’annonce. On avait déjà bien sué pour la moyenne. Et elle porte bien son nom la grimpette. La pierre forme un escalier inégal et vertical et nous aurons de la chance de ne pas y laisser une cheville. On sent qu’on s’approche du sommet. La végétation est plus aérée et nous pouvons même apercevoir un joli panorama de l’île quand on se retourne. Alors qu’on peine toujours à grimper, un genre de garde forestier nous dit de nous dépêcher, il reste une heure avant l’horaire de la descente et nous sommes encore loin.

Des escaliers, de bois cette fois, apparaissent enfin. On pense pouvoir souffler et on le voit. Le sommet du volcan apparaît et nous pouvons suivre des yeux les quelques 800 mètres qui nous en séparent encore. Malheureusement, nous n’étions pas préparés à une telle ascension et à ce rythme surtout. Le genou de Will montre un signe de faiblesse et nous préférons ne pas tenter le diable, d’autant que la descente (et 8,5 mois de voyage) nous attend encore. Nous pourrions être déçus d’abandonner si près du but mais nous sommes déjà fiers d’avoir atteint ce point. D’autant que la vue était belle aussi.


La descente s’avère longue et compliquée. Nous nous soutenons l’un l’autre mais les pierres ne nous facilitent pas la tâche. Tant pis pour le temps cette fois, nous y allons à notre rythme. Après le premier check-point, il nous reste encore 4km à parcourir. Ce qui nous avait paru facile au départ se change en éternité. Entre la chaleur, la fatigue et les pieds qui ne veulent plus marcher (dans tous les sens du terme), on ne doit pas être beaux à voir. Petit réconfort, nous sommes rejoints par nos deux acolytes. Petite récompense, nous avons l’occasion d’observer une biche (qui a très vite fui) et d’approcher un cerf (dans le genre “je crains pas les touristes”) en train de brouter. Nous avons quand même décroché nos certificats d’ascension. En même temps on ne nous demandait aucune preuve.


Une petite glace pour la route et nous tombons sur le dernier taxi du parking. Celui-ci n’utilisant pas le compteur kilométrique, il a voulu nous arnaquer. On a dû un peu batailler mais il nous l’a fait un peu plus cher qu’à l’aller (certes moins que ce qu’il aurait voulu). Il s’est bien vengé en roulant à plus de 100km/h (route limitée à 60) sur l’air de Gangnam style (ça, c’était marrant cela dit). En rentrant à la chambre, une bonne douche et… au lit !

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