Le musée d’histoire de Jeju-do

Le musée d’histoire de Jeju-do

Notre première « attraction » à Jeju-do est le musée d’histoire. C’est l’occasion d’en découvrir plus sur la culture du pays et surtout de l’île qui semble être unique.

(Ceci est la coupole au plafond du hall central)

Le passé de Jeju-do remonte à la Préhistoire. À l’époque du Paléolithique, il s’agissait encore d’un bout de terre volcanique rattaché à la Corée du Sud. Les premiers migrants s’y installent et vivent de la chasse, de la cueillette et de la pêche, en attestent les vestiges les plus anciens. Les silex retrouvés montrent une certaine dextérité à manier la pierre et à la former. Très vite, les premiers habitants ont su développer leur civilisation.
Il y a 10000 ans, finissait la période glaciaire et le Néolithique commençait. La géographie se modifie et Jeju-do devient une île. Le climat se réchauffe, il devient plus facile de se nourrir. Parmi les vestiges de l’époque, ont été retrouvés des pointes de flèche, des restes de poterie, des paniers de récolte tressés… Des similitudes ayant été retrouvées dans les vestiges de la péninsule, on peut penser qu’il y avait des échanges entre l’île et le continent. Les habitants créaient des habitations dans des cavités naturelles proches du volcan ou sur la côte.


Toujours grâce aux liens avec le continent, l’âge de bronze se développe sur l’île. Des villages prennent forme sur les collines et en bord de mer. La poterie prend de nouvelles formes. Des accessoires en coquillages sont retrouvés et même des ornements en bronze pour les personnalités. Un style de poterie semble être propre à l’île, ce qui a permis de développer le commerce. Ainsi, on a pu retrouver des ornements de jade qui ne s’y trouve pas au naturel. Autre vestige, des tombes ont montré des cercueils faits de deux grandes jarres emboîtées. Les habitants ont commencé à développer leur propre culture et leurs propres croyances. L’île devient de plus en plus importante car elle est le carrefour des échanges entre la Chine, la Corée et le Japon tous proches.


Au premier siècle de notre ère, cette nation prend le nom de Tamna, littéralement le “pays de l’île”. Les échanges se font de plus en plus nombreux avec les autres nations. Tamna est mentionnée dans des archives du Ve siècle en Corée. D’autres vestiges prouvent qu’une forte hiérarchie était déjà en place depuis quelques temps et cela se renforce.
C’est en 1105 que Tamna est annexée par la dynastie coréenne Goryeo. Elle devient une province coréenne mais continue d’être le centre du commerce avec le Japon et la Chine. Le bouddhisme se développe fortement à cette période et les temples prennent un certain essor. Les Mongols envahissent la Corée en 1231 et les Goryeo doivent battre en retraite jusqu’à Tamna où ils résisteront jusqu’en 1295. Son nom change alors pour Jeju “le village en bord de mer” après que la dynastie de Goryeo disparaisse au profit de la dynastie Yuan.


En 1392 commence la dynastie Joseon qui durera jusqu’en 1910. À ce stade, Jeju-do est une province vue comme éloignée du pays. On y exile les dissidents, tout en gardant le contrôle par un gouverneur. La vie est devenue rude pour les habitants. Des taxes sont imposées par le roi et des pirates japonais attaquent régulièrement l’île.
La défense s’organise pour éviter de nouveaux dommages. Le magistrat obtient de plus grands pouvoirs afin d’administrer Jeju-do au mieux. L’éducation se développe aussi grâce aux écoles confucéennes et aux dissidents politiques exilés (princes, nobles, philosophes…). Ces personnes deviendront d’éminents professeurs.


Le commerce ne se développe pas plus loin que la Chine et le Japon. Les courants envoient systématiquement vers un naufrage tout navire sortant des routes classiques. Il faudra attendre 1653 qu’un capitaine allemand y fasse naufrage (et en revienne) pour que des archives européennes mentionnent l’existence de l’île. Elle prend par erreur le nom de Quelpart, nom du navire allemand. Inversement, des pêcheurs s’étant trop éloignés ont pu partager leurs récits venant d’autres pays une fois de retour à Jeju-do.


À travers le commerce, les habitants obtiennent les denrées nécessaires au quotidien mais les taxes toujours plus élevées les privent des richesses naturelles de l’île, notamment les oranges et les chevaux (réputés pour leur dressage… et leur viande aussi). De plus, les nombreux typhons, le sol volcanique peu fertile et la famine rendent la vie plus que difficile. Ceux qui reçoivent une éducation quittent l’île pour partir sur le continent. En 1629 et pendant 200 ans, une loi interdira quiconque de quitter ce territoire afin de le repeupler. Depuis, les habitants de Jeju-do ont développé un attachement particulier à leur propre culture et à leur appartenance à l’île.

Cela se traduit par des activités, des arts et des croyances propres. Les pêcheurs et les pêcheuses ont un statut particulier. Appelés respectivement « pojak » et « jamnyeo », ils avaient tout le savoir-faire pour ramener les produits issus de la mer et surtout les haliotis (ou ormeaux de mer) dont la nacre était suffisamment réputée pour servir d’impôts au gouvernement central. Les hommes partant à la guerre, ce travail est devenu exclusivement féminin, jusqu’à disparaître avec la modernité. La poterie et la musique sont également particulières.

Au niveau des croyances, nous avions remarqué des statues qui revenaient sans cesse dans tous les coins de l’île. Nous avons dû demander à une employée du musée ce qu’elles signifiaient. Il existe deux types de statues : des petites funéraires et des grandes qui vont par paires. Les statues funéraires sont basiquement identiques mais un détail change à chaque fois. Les personnages tiennent des objets différents entre les mains. Ils résument ce qui a défini le mort de son vivant : aristocrate, paysan, etc. Si j’ai bien compris (toujours le mélange anglais/coréen qui laisse beaucoup de suppositions sur la compréhension), celles qui tiennent une bouteille désignent des personnes très portées sur la boisson… Enfin, les grandes statues qui vont par paires sont des anciens, des papys au sens affectueux du terme, qui protègent les lieux, les personnes. D’où le fait qu’on les place aux entrées de bâtiments, comme des portails contre le mauvais œil.

La visite se termine. Nous avons pu apprécier une belle mise en scène de leur collection. Pas d’audioguide, ni même de guide, tout est expliqué sur des panneaux (en anglais) dont je vous ai reconstitué le contenu le plus fidèlement possible. Comme vous n’allez rien retenir de tout ça, nous vous encourageons à aller visiter le musée et redécouvrir cette histoire par vous-même ! Ça vaut vraiment le détour.

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